Match Carte contre Instant Payment

Match Carte contre Instant Payment

Malgré certaines disparités au sein de l’espace SEPA, la carte ne s’est jamais aussi bien portée à l’heure où certains observateurs lui promettent un avenir assombri par l’arrivée de l’Instant Payment (IP) ou l’ascension inexorable du Mobile Payment. Comme souvent en matière de modes de paiement, les pronostics sont hasardeux et les habitudes ont la vie dure !

Même si chaque pays européen est marqué par une histoire des paiements qui lui est propre et qui a rendu les offres/usages des modes de paiement distincts d’un pays à l’autre, partout en Europe, le nombre de cartes de paiement et le volume de transactions progressent régulièrement d’année en année.

La carte possède de formidables attributs et quelques réservoirs de croissance. Elle reste encore génératrice de Produit Net Bancaire (PNB). Le développement du e-/m-commerce et de nouveaux usages (ex : M-Pos ; sans contact ; PtoP ; sharing economy, ……) lui permet de gagner des parts de marché sur le chèque ou les espèces. Les cartes constituent aussi une arme marketing de conquête et de fidélisation, grâce à une panoplie toujours plus riche de services associés.

Comment dès lors estimer l’impact potentiel de l’Instant Payment (IP) en Europe ?

On ignore à date si la combinaison de chiffres qui caractérise l’Instant Payment SCT inst 101500024736534 : 10 ’’– 15 000 € – 24/7/365 – 34 pays, se transformera en formule magique pour asseoir son succès au long cours. L’ambition des autorités et régulateurs est d’en faire une offre cross-pays qui permette aux acteurs européens de se doter d’une solution moderne et performante, dont ils contrôleront tous les ingrédients et de s’exonérer de la dépendance des prestataires américains de la carte, surtout en l’absence de card scheme européen. Dans ce cadre, il ne faut pas opposer trop hâtivement l’usage de la carte à celui de l’Instant Payment. Il est illusoire de penser que seule la fonction d’instantanéité permettrait de booster des services que la carte ou d’autres méthodes n’autoriseraient pas aujourd’hui. Toutefois, les atouts de l’Instant Payment sont indéniables : la combinaison SCT Inst et mobile (avec demain un référentiel paneuropéen qui associerait automatiquement numéro de téléphone et IBAN) a de quoi séduire pour favoriser la conception de nouveaux services. De plus, il est parfois des circonstances dans lesquelles un individu ou une entreprise souhaitent que l’arrivée des fonds soit garantie en quelques secondes sans risque de révocabilité. C’est le cas par exemple pour l’envoi d’argent à un membre de sa famille éloigné, le règlement d’une dette ou d’une facture, l’engagement ferme à la souscription ou à la signature d’un contrat… même si ces cas d’usage peuvent aussi trouver leur salut avec la carte ou le virement classique. Enfin, une « reachability » paneuropéenne permettrait de s’exonérer aisément des frontières nationales.

Quelques questions autour de l’IP restent en suspens. Créer des cinématiques propices à l’enrôlement des usagers et à la réalisation de transactions en grand nombre demande du temps et des efforts. Il faut organiser un environnement pleinement interopérable où chaque acteur joue le jeu et y trouve son compte avec une gouvernance et des règles claires à l’échelle européenne générant sécurité et confiance et, le cas échéant, une marque ad hoc…Enfin se pose la sempiternelle question des business models associés : tout d’abord, on pense à l’impact sur les modes de paiement « ancestraux »/coûteux comme chèques et espèces.

Les services basés sur l’IP pourraient également pallier la moindre pénétration de la carte dans certains contextes. Ils pourraient aussi profiter du boom du mobile banking ou de l’arrivée d’agrégateurs ou initiateurs de paiement, en particulier dans les pays où la culture « virement » est forte. Quant à la génération de revenus additionnels, il importera de bien « packager » l’offre correspondante et de bien jauger l’appétence au paiement de frais pour le service en question, de la part des usagers ou des entreprises.

Dès lors, on assistera, en toute vraisemblance, à une longue cohabitation entre la carte et des services de type SCT Inst comme cela fut souvent le cas lorsque de nouveaux modes de paiement sont apparus au fil des décennies passées. Cela amènera sans aucun doute quelques frictions ou pressions supplémentaires (notamment tarifaires) sur les modèles/offres en place ainsi que son lot de « traders » quand il faudra, le moment venu, prendre des décisions et comparer les avantages de la carte ou de l’IP… avant de packager certains services en solo ou avec ses pairs.

Retrouvez l’intégralité de la newsletter de septembre 2017 ici…https://www.syrtals.com/newsletter-syrtals-septembre-2017/

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Angelo CACI

Directeur général de SYRTALS Consulting in Cards & Beyond