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Newsletter N° 29 - mars 2021

   Editorial

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Laurent ROUILLAC

PDG Syrtals SI

Les ressources techniques et humaines, les valeurs ajoutées indispensables de la digitalisation des moyens de paiement

Après avoir imaginé ce scénario depuis plus de 15 ans, nous avons désormais à portée de main un monde dans lequel l’articulation digitale entre paiement/ facture est une réalité tangible. La société et les acteurs économiques, soutenus par l’évolution des normes européennes, ont atteint la maturité nécessaire au déploiement en masse de services permettant de faire la charnière entre le monde du paiement et celui de la facture. En témoignent les nouveaux services SEPA Request To Pay et Factur-X par exemple. Cette dernière s’est d’ailleurs imposée comme le nouveau standard franco-allemand de facturation électronique « mixte », grâce à la norme sémantique européenne EN 16931.

Compte tenu de ces éléments, il est tout à fait plausible d’envisager une accélération encore plus tonique de la tendance d’ici les trois prochaines années.

Pour Syrtals, la priorité n’est plus de convaincre les entreprises de la réalité de cette évolution, mais de les accompagner dans les innovations inévitables du secteur. En couvrant tous les grands domaines du cash management et en cultivant une concentration exceptionnelle de professionnels, Syrtals a réussi à entretenir une connaissance totale du marché ainsi qu’un lien intime avec tous les maillons de la chaîne du paiement. Ce recul, associé à la capacité de rentrer au niveau de détail le plus fin, permet un accompagnement efficace et rentable des grands acteurs économiques dans les grands bouleversements – en cours et à venir – de la monétique et des paiements.

   Rubrique Paiements

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Olivia BERNANOSE

Directrice d’activité Moyens de paiement

Ruée vers le nouveau service SEPA Request To Pay ?

Le service européen SRTP a été conçu pour compléter de façon efficiente la chaîne des paiements, en incluant notamment la référence de la facture dans le paiement échangé entre le Payeur et le « Payee », et la possibilité d’inclure une deuxième information dans le message RTP véhiculant la facture afin de préciser l’objet de la facture. En France, depuis la publication du premier Rulebook, en novembre 2020, les banques, les chambres de compensation et de règlement et les différents payment services providers se sont mis en ordre de marche, dès fin 2020, pour étudier l’opportunité de bâtir des offres. Échaudés par le succès mitigé du service SEPAMail Rubis lancé en 2015, rien ne filtre pour préserver les travaux en cours. Il faudra attendre les résultats des études qui sont menées pour découvrir quelles offres verront le jour au plus tôt en 2022.

Toutefois, nous pouvons dès à présent imaginer certains contours prévisibles. Il devrait émerger des solutions pour le marché B2C, qui faciliteront le règlement des factures, le paiement de proximité, et également fluidifieront les achats sur les sites d’e-commerce. D’autres cibles sont aussi investiguées, telles que le paiement P2P par mobile et les paiements de facture pour le marché B2B. L’initiation de paiement régulée par la Directive DPS2 confère un avantage certain aux solutions qui seront accessibles depuis une appli mobile. Le paiement s’effectuera par virement ou par paiement instantané, combiné avec les facilités de paiement telles que les paiements partiels, fractionnés et récurrents, bien adaptés aux besoins de la clientèle payeur, devenue plus exigeante sur la flexibilité des modalités de règlement. Cela répond aussi parfaitement aux besoins des facturiers, assureurs, bailleurs, mutuelles, fournisseurs de services qui cherchent à répondre principalement à trois enjeux. Le premier concerne la fluidification du recouvrement des paiements auprès de leur clientèle Particulier ou Professionnelle. Le deuxième est la réduction des litiges. En particulier, le RTP reste une excellente alternative au mandat de prélèvement, leur garantissant le paiement dès le règlement réalisé. Enfin, la flexibilité inhérente au service RTP, avec notamment les facilités de paiement, elle leur permettra de réduire significativement les coûts de traitement de réconciliation des factures. Ces réductions intéressantes de coût sont estimées dans un rapport d’Accenture, approximativement entre 23 et 46 centimes par transaction.

En revanche, on peut regretter que le schéma RTP n’ait pas prévu le règlement par carte bancaire pour le marché e-commerce. La carte reste le mode de règlement privilégié à plus de 80 % sur ce segment, alors que le virement représente moins de 1 %. Rien qu’en France, le marché du e-commerce a représenté 112 milliards d’euros et 1,8 milliard de transactions en 2020 et plus de 13,4 % du commerce de détail, d’après les derniers chiffres de la Fevad publiés le 4 février 2021. C’est un marché à ne pas négliger et à conquérir, particulièrement en temps de pandémie avec une progression de plus de 32 % pour les achats de produits. Les travaux sur l’initiative européenne EPI viendront-ils ouvrir cette possibilité ?

En attendant la ruée ou non vers le nouveau service SEPA Request To Pay, quel marché sera ciblé prioritairement en 2022 ? Les acteurs des paiements, et plus particulièrement les facturiers, devront bien se lancer pour saisir un ou plusieurs marchés. Et comme le souligne si justement le poète allemand Novalis : « Il en va des théories comme de la pêche : seul celui qui lance risque d’attraper quelque chose ! »

 SYRTALS CARDS

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Angelo CACI

Angelo Caci
Directeur général de Syrtals Cards

Vent continu de nouveautés et de bouleversements dans la monétique et les paiements

Nul doute que l’année 2021 va continuer à être trépidante dans le domaine de la monétique et des paiements. Tous les ingrédients sont en effet réunis pour nourrir le flot de bouleversements, d’accélérations, voire de disruptions aux quatre coins de la planète et en particulier en Europe.

  • « War on cash »: malgré la très bonne orientation des paiements électroniques, il existe encore de-ci de-là des poches de « résistance » qui deviennent ainsi autant de gisements de croissance et/ou de rattrapage, notamment dans certains pays (ex : Europe du Sud, Allemagne…) ou certains contextes d’usage.
  • Ascension irrésistible du sans contact et résilience de la carte: depuis l’augmentation du seuil dans plusieurs dizaines de pays en mai 2020, le paiement par carte sans contact ne s’est jamais aussi bien porté avec des scores prodigieux frisant jusqu’à 80/90 % des volumes de transactions dans les magasins de proximité en Grande-Bretagne ou 50 % en France. De quoi se convaincre, s’il en était besoin, du caractère incontournable de la carte, fût-elle physique ou virtuelle, basique ou « premium », en plastique ou d’un autre matériau.
  • Effets durables du covid-19 : les habitudes prises depuis un an désormais (plus de e-commerce, click&collect, drive, livraisons à domicile… et gestes barrières) ont vocation à perdurer, chez les initiés ou ex-réticents, ce qui concourt à une accentuation de l’utilisation des modes de paiement digitaux et autres wallets au détriment des espèces et chèques.
  • Le paiement mobile génère un engouement plus que respectable du fait du confort d’utilisation incontestable et de la multiplicité des offres désormais opérationnelles. Outre les X-Pay qui ont converti des milliers de banques dans le monde et plusieurs centaines en Europe et le succès international de Alipay et Wechatpay, d’autres providers tout aussi fringants ont démontré la valeur de leurs offres et l’on peut citer en vrac Paylib en France, Swish, Mobilepay, Vipps en Scandinavie, Blik en Pologne, Bizum en Espagne, Twint en Suisse, Kwitten Allemagne, Payconiq au BeNeLux… sans oublier d’autres prestataires dans la distribution ou dans des verticales comme le prépayé ou le transport.
  • La frénésie du M&A ne mollira pas de sitôt, car paiement rime avec taille, internationalisation et économies d’échelle. On assistera ainsi à des opérations de l‘envergure de celles que nous avons connues en 2020 (Worldline/Ingenico ; Nexi/SIA/Nets), mais également d’autres, de moindres tailles, en particulier chez des players spécialisés (ex : e-commerce).
  • Effets corollaires de la bonne santé du marché des paiements: les valorisations des sociétés, en tout cas pour les plus efficientes ou innovantes, vont continuer à s’envoler (ex : Adyen, Checkout, Stripe…) tandis que de nouveaux venus boostés par des levées de fonds notables veulent changer la donne dans certains domaines, à l’instar du boom du Banking/Issuing as A Service (ex : Marqeta), du BNPL (Buy Now Pay Later) et des néo-banques aux positionnements tantôt généralistes ou spécialisés (grand public, freelances, entreprises, jeunes, voyageurs, green…) qui réinventent les codes des services de paiement et services bancaires nourris à une forte dose de digitalisation
  • Les frontières continuent à s’estomper :l’accès aux agréments émanant des directives européennes successives (dont DSP2) couplé aux innovations technologiques (IA, API, micro-services, cloud, open banking…) rebat les cartes et induit une remise en cause des postures « sagement » établies pendant des décennies (ex : processeur, émetteur, acquéreur, BaaS…). Les partenaires ou fournisseurs d’hier deviennent autant de nouveaux concurrents et les acteurs naguère cantonnés dans un registre limité font montre d’un appétit croissant vers de nouveaux horizons…

Dans ce tourbillon incessant, la genèse de l’initiative européenne EPI, soutenue par les autorités continentales, prend dès lors une connotation aussi originale que porteuse d’avenir pour les partisans d’une solution de paiement pan-européenne, mais constitue également un défi audacieux.

La fenêtre de tir 2021/2025 va en effet être déterminante pour la réussite d’EPI, à savoir mettre sur orbite une offre alléchante pour toutes les parties prenantes (consommateur, marchand, émetteur, acquéreur) et fédérer le plus grand nombre d’acteurs dans la durée sans oublier les phases de migration intermédiaires. À terme, en effet, les solutions domestiques, ou n’ayant pas rencontré le succès, devront céder leur place progressivement à l’offre EPI à qui il faudra trouver une marque aussi emblématique que celle des puissants concurrents américains ou chinois contre qui elle devra lutter.

Chantier titanesque s’il en est, mais si diablement motivant, de quoi nous tenir en haleine pendant quelque temps encore et vivre des épisodes autant surprenants qu’inédits dans cette course vers la souveraineté européenne…

Syrtals Cards et CDKL publient le Baromètre Payment Data CDLK – Rétrospective 2020« Impact du Covid-19 sur les tendances de consommation ».

Au travers de l’exploitation des données de paiement, ce baromètre revient sur les comportements d’achat des Français lors de l’année 2020 au gré des périodes successives de confinement et de déconfinement.
Le document est disponible sur le site Syrtals Cards.

 Rubrique Cash Management

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Michel ARGOUGES

Directeur d'activité

Les API au service des solutions de communication bancaires.

L’utilisation de la technologie API (Application Programming Interface) est connue depuis plusieurs années dans la sphère internet, mais son déploiement dans les banques est assez récent. Les premières API exposées par les banques via leurs plates-formes ont été des API réglementaires développées dans le cadre de la mise en œuvre de la 2e Directive sur les services de paiement (DSP2) au sein de l’Union européenne et de l’application de ses normes techniques de réglementation (Regulatory Technical Standards) définissant les exigences de sécurité applicables aux prestataires de services de paiement et relatives à l’authentification des transactions, à la protection des identifiants d’accès en ligne et aux interfaces d’échanges entre PSP.

Ces API DSP2 sont vouées à devenir un nouveau standard de communication bancaire et s’adressent à des tiers TTP (Third Party Provider) fournisseurs de services en ligne pour l’agrégation de comptes (AISP) et l’initiation de paiement (PISP). L’idée est de rendre l’information la plus accessible et la plus transparente possible, afin de faire bénéficier cette technologie au plus grand nombre.

L’application des exigences techniques de la DSP2 était prévue initialement pour le 14 septembre 2019, mais l’autorité bancaire européenne a officialisé l’octroi d’un délai supplémentaire jusqu’au 31 décembre 2020, la majorité des acteurs du marché n’étant pas prête. Malgré les règles techniques communes (RTS), l’offre API DSP2 était jugée complexe, hétérogène et en manque de maturité par les prestataires de service de paiement.

Où en est-on aujourd’hui ?

Le paysage bancaire a bien changé depuis le temps où la DSP2 et l’Open Banking étaient synonymes de contraintes réglementaires et de risques pour les établissements bancaires. Ces derniers se révèlent désormais proactifs avec une stratégie active de développement de leurs catalogues API, voire de collaboration et de partenariat avec les Fintech ou les grands éditeurs de logiciel de trésorerie afin de faciliter leur diffusion. Cette approche a donné l’opportunité à la sphère bancaire de s’inscrire dans de nouveaux écosystèmes ouverts dont les nombreux bénéfices ne sont pas encore exploités par tous les acteurs.

Néanmoins, ce sentiment est beaucoup plus mitigé par les Fintechs qui s’appuient sur la technologie des API DSP2 pour les services d’agrégation de comptes et d’initiation de paiement et dont l’accès et la fiabilité des données bancaires sont critiques. Celle-ci est encore jugée instable avec un niveau de disponibilité insuffisant, obligeant certaines Fintech à recourir à des solutions de secours, voire pour d’autres à suspendre temporairement les services. En bref, des coûts et des délais supplémentaires nécessitant une période de plusieurs mois de stabilisation et de fiabilisation technique.

Outre les informations nécessaires pour l’utilisation des API dans le cadre de la réglementation DSP2, de nombreuses banques affichent dorénavant des portails bancaires dédiés à la mise à disposition d’API ouvertes à destination des TTPs. On y trouve des API bancaires (pilotage de l’activité financière, gestion des investissements et de l’épargne, commerce international, crédits), des API de sécurité (KYC, lutte contre la fraude, sécurisation des données et des échanges), des API d’exploitation des données bancaires (statistiques), des API d’information sur les produits d’assurance ou des API sur les services financiers (aide au marketing et activités commerciales).

La technologie API se positionne également comme un canal supplémentaire de communication clients-banques aux solutions classiques de connectivité bancaire (SWIFTnet, SFTP, EBICS…) avec le bénéfice d’une intégration complète et d’un échange en temps réel des paiements et du reporting bancaire avec, à la clé, un meilleur suivi des flux et une optimisation du pilotage de la trésorerie.

Ces API pourront être utilisées pour les paiements instantanés, pour le suivi de bout en bout des paiements internationaux (SWIFT gpi) et les informations en instantané des positions et des mouvements des comptes bancaires (reporting intraday), pour les opérations de change et de disponibilité de fonds.

La technologie API au service des solutions de communication bancaire répond aux nouvelles attentes des clients qui souhaitent bénéficier d’un accès rapide, simple et sécurisé et représente une réelle innovation dans le monde de la connectivité entreprises-banques.

 SYRTALS 4VALUE

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Steve BOUSABATA

Directeur général de Syrtals 4Value

Factur-X : le format qui accélère la dématérialisation de vos factures

La Factur-X est le nouveau standard franco-allemand de facturation électronique dite « mixte ». Il s’agit de la première implémentation de la norme sémantique européenne EN 16931.

La Factur-X donne la possibilité aux émetteurs de factures de créer des factures à valeur ajoutée et structurant les informations. Cela permet aux destinataires d’utiliser s’ils le souhaitent les données en fonction de leur besoin en matière d’automatisation de traitement et gestion.

Adapté à l’échange de factures pour tous les types de structures, Factur-X est composé d’un fichier PDF et d’un fichier de données XML. Ainsi, ce document peut être lu à la fois comme une facture traditionnelle, mais peut également être traité automatiquement (RAD/LAD) par des systèmes informatiques comme une solution de gestion électronique de documents ou des logiciels comptables.

Factur-X doit répondre à 4 enjeux différents :

  1. Amélioration de la lisibilité de la facture,
  2. Automatisation de l’intégration de la facture entrante,
  3. Réduction des délais de transmission et de traitement,
  4. Amélioration des échanges entre entreprises françaises et européennes.

Ce modèle de facture électronique dite « mixte » ou « hybride » combine obligatoirement deux types de documents. D’un côté, un fichier de données structurées embarqué dans un PDF/A3, qui est le format de document pour l’archivage. Ce fichier va permettre au destinataire de lire la facture comme si elle avait été émise au format papier, et va rassembler l’ensemble des informations nécessaires à un traitement manuel. De l’autre côté, un fichier de données XML afin d’automatiser le traitement de la facture. Ces informations sont destinées au logiciel de traitement qui va pouvoir automatiquement les récupérer, et ainsi permettre d’éviter une saisie manuelle et une perte de temps.

Facture électronique : la difficile équation de la transition

L’heure n’est plus à tenter de convaincre les directions administratives et financières des gains de la facture électronique, mais plutôt d’en accélérer la mise en place.

Un coût de traitement inférieur, une réduction du risque d’erreurs, une amélioration du suivi, une accélération des paiements, une solution en cas de perturbation dans la distribution du courrier postal… Les DAF connaissent parfaitement les bénéfices de la dématérialisation des factures, mais ils sont souvent bloqués, notamment dans les TPE et PME par des systèmes d’information incompatibles ou inadaptés ne permettant pas l’automatisation du processus de bout en bout.

L’investissement dans un ERP interfaçable et permettant l’intégration du format EDI n’est pas un projet prioritaire lorsque l’entreprise gère une faible volumétrie de factures. Dans ce contexte, la proposition de valeur offerte avec la facture électronique mixte Factur-X, assure parfaitement la synthèse entre ces différents enjeux pour proposer une transition en douceur aux TPE et PME.

Par ailleurs, la Factur-X est un format international, ce qui garantit sa conformité à l’échelle européenne grâce à sa conformité à la norme EN 16931 citée au début. Elle s’impose comme le standard européen indispensable à la généralisation de la facture dématérialisée.

Le format qui réconcilie les entreprises

Face à l’imminence de la facture électronique B2B pour tous dès 2023, l’universalité de la Factur-X fait figure d’alternative efficace et complète à mettre en place avec l’ensemble de ses clients, peu importe leur niveau de transformation ou maturité digitale.

Grâce à ce format, une entreprise peut à la fois permettre à ses clients de lire et d’archiver une facture au format PDF, et à ceux disposant d’un ERP compatible XML d’automatiser l’intégration des données de la facture dans leur SI.

La Factur-X parle ainsi à la fois à l’humain, mais également à la machine !

INTERVIEW

Bertrand-Pineau

Bertrand PINEAU

FEVAD
jeanMichelChavanas

Jean-Michel CHAVANAS

Mercatel
Interview croisée avec Jean-Michel Chanavas de Mercatel et Bertrand Pineau de la FEVAD pour la newsletter Syrtals.

Dans cette interview, Jean-Michel Chanavas de Mercatel et Bertrand Pineau de la FEVAD reviennent sur l’évolution des services de paiement dans le retail et le e-commerce dans le contexte de la crise sanitaire. Ils détaillent les attentes et souhaits majeurs des retailers et e-marchands en matière de services de paiement. Ils abordent également le nouveau scheme européen EPI ou de nouveaux services de paiement basés sur l’Instant Payment et l’initiation de paiement.

  1. Comment les services de paiement ont-ils évolué depuis un an dans le retail et le e-commerce avec la crise sanitaire ?

Jean-Michel : Depuis un an, la part des paiements à distance se développe. Si bien, que ce sujet est devenu particulièrement pertinent pour l’ensemble des commerçants et pas simplement pour le secteur de l’e-commerce, comme cela a été longtemps le cas. Au niveau des points de vente, la transformation majeure vient de l’essor du paiement sans contact et de celui, de facto, du paiement par carte. Depuis la hausse du plafond du sans contact, qui est passé de 30 à 50 euros, les cartes sont devenues le moyen de paiement privilégié des consommateurs : plus de la moitié des paiements par carte se font via le sans contact. Les paiements par chèques ou en espèces ont, quant à eux, connu une chute importante, concomitante avec la crise sanitaire.

Bertrand : Effectivement, sur un an, les chiffres sont probants. On constate une croissance assez forte des achats en ligne, liée à la pandémie. Cependant, cette hausse est contrastée. En effet, le e-commerce n’a pas submergé les autres formes de commerce. De manière générale, l’échange de produits a connu une forte croissance en 2020, tandis que l’échange de services a connu un ralentissement. Pour illustrer ce fait, on pense notamment au tourisme, à l’industrie des voyages, etc. qui sont à l’arrêt depuis bientôt un an. Ainsi, seule la partie du e-commerce qui concerne la vente de produits est concernée par cette hausse exponentielle. Les réseaux de magasin eux-mêmes ont été amenés à développer leurs capacités de vente en ligne, puisque seul ce canal-là était disponible. J’ajouterai que le paiement sans contact n’inclut pas que le paiement en carte, mais inclut également le paiement mobile, même s’il reste marginal. Depuis cinq ans, et indépendamment du COVID, le tissu réglementaire européen a beaucoup évolué. Face à une économie qui se digitalise à grande vitesse, l’Union européenne a voulu renforcer la sécurité des paiements à distance et réguler les nouveaux acteurs du paiement, avec notamment la DSP2. Finalement, on s’aperçoit que l’entrée en vigueur de cette directive est arrivée à point vu l’ampleur que prennent les paiements électroniques aujourd’hui.

 

  1. Quels sont les attentes et souhaits majeurs des retailers et e-marchands en matière de services de paiement ?

Bertrand : Les commerçants sont à la recherche de moyens de paiement à la fois fiables, fluides et peu chers. Pour ce qui est de la fiabilité, le concept parle de lui-même : il s’agit de lutter contre les fraudeurs. La fluidité, quant à elle, est mise à mal par les mesures réglementaires qui imposent une authentification forte. Il en va de la transformation du modèle économique de trouver un moyen de retrouver cette liquidité des paiements sans contact. L’exigence économique enfin, celle d’un paiement bon marché, n’est pas centrale pour les acteurs du e-commerce. Elle l’est par contre pour les commerçants.

Jean-Michel : J’ajouterai que le transfert de fonds et tout ce qui le matérialise aident à concrétiser la confiance du consommateur. Partant de ce principe, que ce soit en point de vente ou en magasin, la question du paiement est toujours centrale. Elle cristallise les attentes, entérine l’efficacité – ou non – d’un parcours qui se doit d’être fluide. À la problématique de la fluidité, qui est celle des consommateurs, s’ajoute celle de la sécurité, qui est la nôtre. Cela crée une tension perpétuelle puisque la sécurité se fait en étape et entrave, de facto, la rapidité d’une transaction. Les autorités européennes rendent les directives de sécurité de plus en plus lourdes, tandis que nous nous efforçons de faciliter les process d’achats. L’autre problématique d’envergure est celle de la confiance. Le paiement à distance sera d’autant plus utilisé que les utilisateurs auront confiance en son fonctionnement. Ensuite, pour compléter sur la question du coût, il est effectivement vu différemment selon l’acteur économique. Le client e-commerce est par nature plus volatile. Par conséquent, la probabilité qu’il abandonne son panier si son parcours se complique est plus forte qu’ailleurs. Les acteurs e-commerce sont donc plus attentifs à la simplicité qu’au prix. La tendance est un peu différente chez les commerçants traditionnels qui ont une clientèle moins volatile. Enfin, j’ajouterai une dernière caractéristique : nous voulons que le paiement à distance soit résilient. C’est un sujet qui est également à l’esprit des marchands, notamment face à l’évolution de la DSP2. Nous en sommes à la phase de mise en place de systèmes informatiques complexes, à laquelle s’ajoutent des obligations réglementaires. Il est hors de question, même dans ce contexte, que les infrastructures et les outils s’arrêtent.

Bertrand : Effectivement, non seulement les infrastructures doivent être résilientes et pérennes, mais les utilisateurs doivent pouvoir y avoir accès d’une manière ou d’une autre. Et ce, quelle que soit leur situation : qu’ils aient un mobile dernier cri ou pas… L’inclusion est donc importante.

 

  1. Quels sont vos avis et espoirs vis-à-vis du nouveau scheme européen EPI ou de nouveaux services de paiement basés sur l’Instant Payment et l’initiation de paiement ?

 Bertrand : Le paiement a une importance fondamentale, quelle que soit la sphère dans laquelle on se trouve (politique, économique ou sociale). Une zone économique aussi importante que l’UE se doit d’avoir un certain nombre de prérogatives sur ce sujet et ne doit surtout pas dépendre d’acteurs privés et/ou internationaux. Il existe des exemples d’incidents politiques dans lesquels des problématiques de paiement étaient mêlées, ce qui nous prouve bien l’importance d’une souveraineté vis-à-vis de ces sujets-là. Cette indépendance passe par la création de mécanismes résilients et autonomes. En tant que citoyen, je trouve ça important qu’il y ait un scheme européen qui soit indépendant des grands acteurs internationaux comme Visa et Master. In fine, si on veut que la zone économique européenne ait une légitimité économique, sociale et financière, le paiement doit entrer en ligne de compte. C’est un élément d’innovation et d’unification, à la fois pour les consommateurs et les marchands européens.

Jean-Michel : En ce qui concerne l’avenir du virement instantané, j’ai la vive conviction que le paiement n’échappera pas au temps réel. Que ce soit en Europe ou à l’international, il y a un développement autour de l’instantanéité des paiements. Ces innovations sont intrinsèquement liées à la manière dont les consommateurs font leurs achats et à leurs demandes. C’est aussi vrai dans les points de vente que dans l’e-commerce. Au niveau du « temps réel », le grand concurrent du paiement digitalisé reste les espèces. En Europe, cette tendance technologique et sociétale au temps réel a été transcrite dans le virement instantané. Il s’agit du moyen de virement en temps réel qui est promu par les institutions européennes. C’est d’ailleurs l’instrument sous-jacent d’EPI, qui essaye de concilier le présent avec le futur et ainsi d’assurer la compétitivité de l’UE vis-à-vis des grands acteurs internationaux du paiement. Avec EPI, l’objectif est de trouver de nouveaux moyens de réduire les coûts – en pourcentage – du paiement électronique. En effet, plus le paiement électronique se développe, moins il doit coûter cher au commerçant. La condition du succès d’une telle démarche est, bien sûr, l’adhésion et l’engagement de toutes les parties, quelle que soit la complexité du projet. On attend d’EPI des solutions de collaboration et leur mise en place effective.

Bertrand : J’ajoute que le volet de l’initiation de paiement et des acteurs tiers qui accèdent au compte est capital. Avec EPI, il y a une conjonction pour que l’innovation émerge et se développe. Les consommateurs sont sans cesse en recherche de nouveaux services, et ce scheme, avec le paiement instantané et des acteurs nouveaux, permet d’installer de l’innovation.

Pour ce qui est de l’intégration des commerçants dans cette collaboration globale, on a, en France, des structures de coopération qui ont très bien fonctionné, que ce soit dans le cadre de scheme national CB, dans celui de la mise en œuvre de la DSP2 avec la Banque de France, ou encore dans celui du CNPS (qui réfléchit à la stratégie nationale des paiements). Cela montre que ce type de relation et de collaboration est possible et envisageable au niveau européen.

INTERVIEW BFM BUSINESS

Laurent Rouillac, PDG de Syrtals est intervenu dans l’emission #JMLECO de Nicolas DOZE sur BFM BUSINESS sur les nouveaux moyens de paiements au cœur de la problématique du cash management.

La vidéo et l’article sont à retrouver sur le site de BFM BUSINESS  ou sur le site Syrtals