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Newsletter N° 35 - septembre 2022

   Editorial

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Laurent ROUILLAC

PDG Syrtals SI

L’homme au cœur de la machine

L’Interface Homme-Machine (IHM) constitue un ensemble de dispositifs matériels et logiciels, conçu pour faciliter la communication entre l’utilisateur et un système informatique. Dans l’univers bancaire, si robots, intelligence artificielle et automatisation sont démocratisés autant pour les opérations courantes que dans les différents parcours clients, l’humain doit garder une place centrale dans les process. Un des enjeux de l’évolution vers plus de numérique est de bien construire des processus qui rendent efficace et pertinente l’IHM.

Si la digitalisation est conçue pour servir l’homme, l’humain n’a pas d’interface naturelle avec le numérique. La machine sans l’homme ne peut pas fonctionner au bénéfice de l’homme. Au-delà de l’automatisation des opérations, c’est la qualité que l’on recherche. Pour y parvenir, on doit réfléchir en termes de convivialité des processus. Elle passe par une bonne compréhension des attentes des utilisateurs, de leurs parcours et une bonne anticipation des process. Ce sont des comportements induits par l’analyse des données pour être le plus pertinent possible afin de répondre aux besoins des clients, en fonction du type de paiement qu’il veut faire, de son parcours d’achat. L’objectif est de l’accompagner tout au long de son cheminement. Il faut travailler le process de bout en bout en identifiant qui fait quoi du côté du commerçant, des différents acteurs et intermédiaires pour offrir un process convivial et efficace au client.

Dans toute cette intrication entre le monde physique, numérique, les humains et les machines, se trouve la réflexion sur les interfaces entre ces deux mondes. C’est la qualité des échanges homme-machine qui est gage de performance. Plus le processus est complexe, plus l’IHM est essentielle. Les hommes sont présents pour bien renseigner la machine. Ils sont aussi là pour intervenir une fois que la machine est sortie de son domaine de compétence, en cas d’incident, ou de cyberattaque par exemple. L’humain apporte une amélioration dans l’interface que la machine ne peut donner. Il est donc indispensable qu’il soit capable d’intervenir intelligemment dans toutes les étapes utiles dans les process complexes. Nous devons travailler sur la synchronisation, la pertinence de ces interactions au risque d’avoir des services qui ne répondent pas aux exigences de qualité. Un défaut d’interface crée un dialogue de sourds et peut diriger le client dans un cul-de-sac !

Dans l’IHM, les interfaces doivent relier efficacement les hommes en fonction de leurs rôles respectifs. La technologie évolue et les systèmes intégreront de plus en plus des programmes d’intelligence artificielle.

  SYRTALS CARDS

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Angelo CACI

Angelo Caci
Directeur général de Syrtals Cards

BNPL, point d’inflexion ?

Le BNPL, Buy Now Pay Later, fait indéniablement partie des phénomènes clés de ces dernières années dans l’industrie des paiements à l’échelle globale.

Tous les signaux ont été au vert au fil du temps : croissance forte des volumes, levées de fonds et valorisations au sommet, pléthore d’acteurs en lice et naissances ininterrompues aux côtés des historiques bancaires, appétences fortes de la part des consommateurs et des commerçants…

Était-ce trop beau pour durer ?  En tout cas, pas avec la même frénésie voire démesure. En effet, les fintechs spécialisées dans les paiements fractionnés ou différés font face, depuis six à 9 neuf mois, à des difficultés dans un contexte économique qui s’est retourné et qui a mis en lumière la fragilité de leur modèle.

Certaines d’entre elles sont notamment contraintes de dégraisser et de s’attacher à leurs fondamentaux et sans surprise, leurs valorisations (pour les entités publiques ou privées) sont mises à mal :

  • Klarna de 45 milliards $ US à 8 milliards $ US entre 2021 et 2022 ;
  • Affirm (Nasdaq) et Zip (Bourse australienne) : chutes respectives de l’action de 80 % et 87 % en un an.

Par ailleurs, le régulateur a commencé à scruter les pratiques en vigueur et à considérer si les facilités de paiement ne devaient pas, dans une certaine mesure, relever des réglementations s’appliquant au crédit à la consommation ou aux cartes de crédit.

C’est ainsi que nous avons assisté depuis 2020 à une série de communications émanant des autorités états-unienne, britannique, européenne et australienne. Et cela s’est désormais accéléré.

Outre-Atlantique, le CFPB (Consumer Financial Protection Bureau) en est venu à demander, en mars 2022, à cinq fournisseurs opérant aux États-Unis – Affirm, Klarna, Afterpay (Block), PayPal et Zip – de lui fournir moult informations et documents. Il vient de publier en septembre un rapport sur la situation BNPL intitulé « Tendances de marché et impacts pour les consommateurs ».

En voici les principaux contenus :

L’offre la plus répandue consiste à proposer gratuitement le remboursement du montant emprunté en 3 ou 4 tranches égales sur 6 semaines.

Les frais de retard appliqués sont de 7 $ US en moyenne pour un prêt moyen de 135 $ US

Entre 2019 et 2021, les cinq acteurs cités précédemment ont vu leurs productions bondir de 970 % en nombre d’opérations (de 16 à 180 millions) et de 1 092 % en valeur (de 2 à 24,4 milliards $ US).

Preuve de la diversité des cas d’usage, les secteurs mode et beauté représentent 58 % des demandes en 2021, contre 80 % en 2019.

Le taux d’acceptation passe de 69 % et 73 % entre 2019 et 2020 et le montant moyen contracté de 121 $ US à 135 $ US sur la même période.

10,5 % des emprunteurs paient des frais de retard en 2021 contre 7,8 % un an plus tôt.

Tout en reconnaissant certaines vertus au BNPL, le CFPB pointe des manquements en matière de communication sur les conditions de fonctionnement du prêt, des « dérives » quant à l’exploitation des données et enfin le manque de visibilité quant aux risques encourus par certaines catégories d’usagers dès lors qu’il est impossible d’apprécier l’exposition complète envers de tels produits.

En France, c’est l’ACPR qui a publié en juillet 2022 une note relative aux enseignements de l’enquête par questionnaire menée dans le second semestre 2021 sur les solutions de crédit à court terme (CCT) et de paiement fractionné (PF).

Après un rappel opportun de la réglementation applicable à ces modalités de prêt, nous apprenons ainsi au titre des tendances que :

Entre 2019 et 2020, le nombre de contrats a augmenté, pour l’échantillon retenu, de 21 % pour les PF et de 43 % pour les CCT ;

Cette hausse s’est accentuée au premier trimestre 2021, vs T1 2020 : + 40 % en volume de crédits distribués pour les PF et + 50 % pour les CCT.

63 % des PF et quasiment la totalité des mini-crédits comportaient des frais à la charge exclusive du consommateur.

En 2020, l’encours de PF octroyés par les 11 établissements interrogés s’élevait à 4,8 milliards €, pour 18 millions de crédits et 10,5 millions d’emprunteurs.

L’encours des CCT était de 123 millions € pour 224 000 dossiers et 102 000 clients.

Sur cette période, le montant moyen d’un PF était de 350 € et celui d’un mini-crédit de près de 600 €.

Enfin, les taux d’acceptation ressortaient à 73 % (PF) et 64 % (CCT).

À l’instar du CFPB, l’ACPR note quelques dysfonctionnements ou pratiques à corriger dans les registres suivants, non pas de la part de l’ensemble de la profession, mais de quelques prestataires :

Non-respect de la législation quant au calcul du TEG et à celle du taux d’usure,

Des frais qui ne seraient pas toujours aussi négligeables que cela, voire proches du taux d’usure pour les tranches basses (entre 200 et 500 €)

Les pénalités de retard en cas d’impayés chez 3 établissements sont excessivement élevées et globalement, le consommateur n’est pas suffisamment avisé

En matière de communication, l’ACPR mentionne tout à la fois des manquements et des pratiques vertueuses qui devraient être plus généralisées.

L’analyse de la solvabilité de l’emprunteur doit être plus approfondie, en particulier par un contrôle accru de la capacité de remboursement, en exigeant la transmission d’informations sur sa situation personnelle et financière, ce qui permettrait de lutter contre un risque d’endettement excessif.

Pour autant, et chacun en est bien conscient, il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain comme dit si bien l’adage tant les avantages apportés par le BNPL aux consommateurs sont indéniables : parcours fluide omnicanal ; souscription rapide et sans couture ; dans certains cas, moindre coût que d’autres formules et parfois, non application des frais de retard ; programme de remboursement simple… sans oublier ceux pour les commerçants qui peuvent mieux satisfaire et fidéliser leurs clients.

Les nouveaux venus ont d’ailleurs su apporter de l’innovation et contribuer à la saine dynamique du marché.

Enfin, en cette période de mise à mal du pouvoir d’achat, il n’est sans doute pas souhaitable d’assister à une restriction des règles, ce qui pourrait incommoder d’autant les consommateurs.

C’est dès lors du juste dosage de l’encadrement du BNPL (ni trop, ni pas assez) dont dépendra une issue aussi favorable que pérenne, en gommant les excès, quand il y en a, et en favorisant les pratiques responsables des bons élèves…

À suivre dans les faits évidemment, à l’aune d’un environnement tendu qui ne devrait guère s’estomper de sitôt.

  PAIEMENTS ET SERVICES 

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Olivia BERNANOSE

Directrice d’activité Moyens de paiement

Après le succès de l’authentification forte en 2021, comment freiner les cyberattaques et le rançonning en 2022 ? 

Quand la fraude aux paiements diminue en nombre de 3,8 % pour atteindre 7,5 millions de transactions frauduleuses en 2021, les fraudes aux « faux » ne font que croître : faux sms ou appels frauduleux pour vider le compte CPF, faux bordereaux de La Poste amenant les victimes piégées à donner leurs coordonnées bancaires et régler des montants frauduleux pour des colis inexistants… En toile de fond numérique, les cyberattaques sévissent toujours plus féroces et plus nombreuses, paralysant des établissements essentiels de la société, comme dernièrement l’hôpital de l’Essonne qui a été victime d’un rançonning, paralysant tout leur système informatique et donc l’organisation de l’établissement.

Le rapport annuel de l’observatoire de la sécurité des paiements 2021, paru en juillet dernier, salue le succès du déploiement de l’authentification forte et des mesures contre la fraude sur la carte, le virement et le chèque. Le rapport de la Banque de France observe que, pour 2021, la fraude a progressé de 8,5 % en montant, mais à un rythme très inférieur aux flux pour atteindre 1,2 milliard d’euros de fraude. La fraude sur la carte, principalement par usurpation à 78 %, a diminué en montant de 1,2 %, et notamment sur les paiements à distance qui représentent trois quarts des fraudes. Le taux de fraude carte s’établit à 0,059 % contre 0,068 % en 2020 pour 1,3 million de cartes fraudées, soit 10 % de moins. Les mesures liées à l’authentification forte, après trois ans de mobilisation et de mise en œuvre, sont un succès : le taux de fraude sur les paiements à distance chute de 21 % à 0,196 %, contre 0,249 % en 2020. Le taux de fraude pour le sans contact à 0,013 % est stable malgré l’envolée de ces paiements. La part en montant de la fraude pour les cartes est équivalente à celle des chèques 37 % sur les 1,242 milliard d’euros fraudés, alors que pour la première fois les paiements par carte dépassent le chèque en montant avec 660 milliards d’euros et 580 milliards pour le chèque. La fraude en montant pour le chèque s’élève à 465 millions d’euros, auxquels il faut soustraire 161 millions de fraudes déjouées grâce aux mesures déployées. Le virement est le troisième moyen de paiement fraudé avec 23 % des montants fraudés, en légère baisse à 0,000 7 % et 0,001 5 % hors virements gros montants. La fraude par virement représente 287 millions d’euros alors qu’en nombre de transactions il représente 17 % des paiements. Les virements en banque ligne et virements par canaux télématiques sont bien maîtrisés. La fraude est principalement réalisée par tromperie : l’émetteur du virement agit en ayant été manipulé. Les paiements instantanés ont progressé de 138 %, et cependant leur taux de fraude est bien contenu à 0,045 %, très proche des cartes. Les prélèvements qui représentent 17 % des paiements contre près de 60 % pour la carte sont peu touchés par la fraude, bien que l’on constate une légère hausse avec un taux de 0,001 3 %, atteignant 25 millions d’euros en 2021 contre 2 millions d’euros en 2020.

Dans le contexte de prolifération d’usurpation d’identité et de manipulation des clients, la lutte contre la fraude aux paiements montre des résultats dans la coopération, la mise en place d’équipes expertes dédiées et la mobilisation de tous les acteurs. Elle passe également par la recherche en continu de systèmes de contrôle d’identité numérique pour déjouer les fraudes. Pour mener la bataille contre les cybermenaces, ces principes doivent plus que jamais être appliqués, en investissant sur des moyens tant humains que logiciels. Notamment tous les acteurs, entreprises, banques, particuliers, réseaux doivent collaborer afin de sensibiliser tous à la vigilance. À l’ère des titans numériques, comme le souligne très justement l’économiste Daniel Cohen dans son livre  L’homme Numericus , il ne faudrait pas que la société numérique qui se forme se cantonne à « une agrégation d’individus isolés qui cherchent à s’en sortir en créant des communautés fictives » alors que le progrès passe par une intelligence collective. Ce principe s’applique tant au cyberespace qu’à l’économie des paiements, afin de lutter de manière efficiente sur les cybermenaces à venir.

PAIEMENTS

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Vincent LEFEBVRE

Directeur d’activité

Fraude aux Paiements en Entreprise :

De multiples solutions de lutte contre la fraude existent, mais sont-elles adaptées à toutes les entreprises ?

70 % des entreprises européennes ont été victimes de tentatives de fraudes (source sepamail.eu) et, lorsque la fraude est avérée, le préjudice dépasse les 100 k€ pour 14 % d’entre elles en France (baromètre DFCG Heuler Hermès 2021). L’actualité montre que tous les types de sorties de fonds sont concernés (virement, crédit, prélèvement, investissement…). Les approches les plus courantes sont les Faux Ordres de Virements (FOVI), le changement de coordonnées bancaires, les fausses factures, les cybers attaques et autres phishing, le tout pouvant être complété par de l’ingénierie sociale.

Une fraude est ainsi le résultat de plusieurs vulnérabilités techniques et/ou humaines qui ont permis aux attaquants de préparer et dérouler leur action.

Si ces pratiques sont bien connues, la force des fraudeurs réside dans la capacité à s’adapter aux dernières évolutions, comme par exemple avec l’Authentification forte des paiements en ligne, et à utiliser des outils de cyberattaques de plus en plus sophistiqués.

À cela s’ajoute une temporalité des attaques sur des périodes propices, lors de baisse d’activité de l’entreprise ou de la banque (congés, jours fériés, heure de fermeture) ou lors de forte activité (fin et début de mois, de trimestre…). Le développement du télétravail a également ouvert une fenêtre supplémentaire d’opportunités par l’isolement de la victime en cas d’ingénierie sociale.

Pour répondre à ces menaces, des solutions ont vu le jour ces dernières années. C’est le cas avec des initiatives de places sur la sécurisation des comptes via les technologies de l’Open Banking (SEPAmail Diamond, Confirmation Of Payee) ou de Fintechs (comme Trustpair, MATA IO, SIS ID,…) qui proposent des solutions digitales complètes.

Ces dernières solutions, de plus en plus intégrées au SI de l’entreprise (Mode intégré par API à l’ERP ou au TMS, mode SaaS ou On Premise), garantissent alors un niveau de sécurité élevé. Elles peuvent s’appuyer sur des plateformes collaboratives avec technologie blockchain pour contrôler les tiers et les comptes, de l’Intelligence artificielle pour détecter des opérations atypiques, une gestion du processus de gestion du tiers et de paiement de bout en bout, en lien parfois avec SEPA Mail Diamond et EBICS TS.

Or 42 % des entreprises ne sont pas équipées de solutions de lutte contre la fraude (d’après l’étude Trustpair 2022). Outre le projet et donc le budget d’autres facteurs peuvent sans doute l’expliquer.

Côté entreprises, une cartographie des risques de tiers doit-être établie préalablement, en fonction de sa spécificité, et une feuille de route définie pour construire un système à plusieurs étages de lutte contre la fraude.

Au niveau des offres de contrôles de tiers et de comptes, les périmètres géographiques couverts sont hétérogènes, les banques participantes non exhaustives et la qualité des sources de validation des tiers clients (KYC et KYS) peut être variable selon les règles pays, pouvant freiner les entreprises qui travaillent spécifiquement sur ces zones.

Côté banques, les solutions proposées sont trop souvent à la carte pour renforcer un élément de la chaîne, sans approche packagée par typologie client. La tarification devrait aussi être adaptée en conséquence selon que le client adhère à un pack ou un service à la carte (package mensuel ou par service, consommation au forfait ou à l’acte).

En somme, des solutions existent et ont démontré leur efficacité en proposant un bouclier plus ou moins complet. Même sans mettre en place un système entièrement digitalisé de bout en bout, de premières mesures simples peuvent s’avérer efficientes (une répartition des pouvoirs avec signatures multiples associée à un contrôle de compte par exemple). L’important étant d’adopter rapidement une approche étagée pour contrer à plusieurs niveaux une attaque.

CASH MANAGEMENT   

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Michel ARGOUGES

Directeur d’activité

PAIEMENTS SEPA — LA MISE À JOUR DE LA VERSION DU STANDARD ISO 20022 ATTENDUE POUR 2023

En septembre 2021, nous avions publié un premier article sur la migration des infrastructures de marchés des paiements vers la norme ISO 20022 dans sa version 2019 des plateformes de consolidation TARGET 2/2S et des paiements transfrontaliers SWIFT (MT à MX).

Pour les paiements SEPA, l’European Payments Council (EPC) du 28 avril 2022 a approuvé les versions 2023 des Rulebooks (recueil de règles de fonctionnement) aux quatre Schemes de paiement SEPA (SCT, SCT Inst, SDD Core, SDD B2B). L’un des principaux changements dans ces nouvelles règles SEPA est la décision prise par l’EPC de migrer le standard de référence pour l’ensemble des messages de paiement SEPA de la version 2009 à la version 2019 des messages ISO 20022. Celle-ci devient obligatoire à compter du 19 novembre 2023 dans la sphère interbancaire, mais demeure facultative, bien que fortement recommandée dans la sphère « clients — banques ».

La bonne nouvelle est que la norme ISO 20022 est déjà bien implantée dans le monde du SEPA et contrairement aux infrastructures de marchés des paiements TARGET 2/2S et de SWIFT, il n’est pas nécessaire d’introduire un nouveau format ni de remplacer les anciens formats à grande échelle. Les systèmes existants doivent « seulement » être ajustés et apprendre à traiter des changements tels que les nouveaux éléments de données des messages ISO 20022.

Le recours généralisé au même standard de référence ISO 20022 à tous les types de paiements offre de réelles opportunités pour les entreprises, à savoir :

  • une rationalisation des formats de paiements par l’utilisation de formats de message et d’une norme universelle s’affranchissant à maintenir des formats locaux propres à chaque pays ;
  • une automatisation du traitement des paiements avec moins d’intervention du back-office bancaire, permettant une exécution plus rapide des paiements (ratio « Straight-Through Processing » (STP) ;
  • une réconciliation et un suivi des paiements plus précis pour les entreprises avec une synchronisation comptable automatique facilitée par un reporting bancaire enrichi de données commerciales et de références clients présentes de bout en bout de la chaîne du paiement.

Par ailleurs, et à compter du 19 novembre 2023, les clients seront autorisés pour les opérations SEPA remises sous forme de fichiers électroniques dans la sphère clients-banques à renseigner l’adresse des payeurs et des payés sous format structuré. Les banques devront donc constituer des fichiers interbancaires de paiements SEPA reprenant l’adresse structurée dès lors qu’elle est disponible ou fournie par les clients. Elles devront également accepter de telles remises en réception interbancaire et ne pourront rejeter une transaction SEPA au seul motif qu’elle contient une adresse structurée.

À partir de novembre 2025, les adresses (si renseignées) devront systématiquement figurer sous format structuré dans les messages de paiement interbancaires.

Enfin, les Rulebooks relatifs aux Schemes SCT et SCT-Inst intègrent dans leur version 2023 la création d’un attribut optionnel se rapportant aux proxys et aux alias des donneurs d’ordre et/ou des bénéficiaires pouvant être liés à l’IBAN dans les messages de paiement (sphères clients – banques et interbancaire). La mise en œuvre de cette disposition nécessite un accord préalable entre le donneur d’ordre et sa banque à l’émission et entre le bénéficiaire et sa banque pour la communication de ces informations. Ce nouvel attribut « proxy et/ou alias » ne se substitue pas à l’IBAN, lequel demeure le seul identifiant du compte de paiement et en conséquence obligatoire dans les messages de paiement SEPA.

Le proxy/alias est un préalable à la mise en œuvre du service SPL (SEPA Proxy Lookup) central qui assure l’interopérabilité des services de paiement mobiles européens de personne à personne. Le programme Proxy Lookup de l’EPC couvre l’échange des données nécessaires pour initier des paiements entre des solutions de paiement basées sur des proxys au niveau paneuropéen. Il vise à faciliter l’interopérabilité entre les solutions de paiement participantes. Le programme couvre les paiements (mobiles) dans lesquels le numéro de téléphone mobile ou éventuellement l’adresse e-mail est utilisé comme proxy d’un IBAN. Il est prévu que le système évoluera au fil du temps pour prendre en charge des types de proxy, des identifiants de compte et des cas d’utilisation supplémentaires.

Il est donc recommandé aux entreprises de migrer leurs flux de paiements SEPA vers la version 2019 de la norme ISO 20022 pour bénéficier de la richesse des informations de paiements et d’enrichir leurs référentiels avec des données d’adresse structurées afin de répondre aux nouvelles exigences de marchés.

 INTERVIEW

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Marc Espagnon

Responsable Direction des Paiements et du Cash management pour BNP Paribas
Interview de Marc ESPAGNON – Responsable Direction des Paiements et du Cash management pour BNP Paribas
  1. Après cette crise sanitaire qui a bouleversé tous les secteurs, comment avez-vous accéléré la digitalisation pour les services de cash management chez BNP Paribas ? 

La digitalisation de nos parcours clients n’est pas encore totalement aboutie et nous nous focalisons actuellement sur trois grands sujets. Le premier est celui de l’onboarding : ouvrir un compte et activer tous les services et pouvoirs associés. C’est sans doute le process le plus consommateur de temps pour nos clients. Nous disposons avec « Welcome » de la solution pour ouvrir son compte en France de manière digitale. Son déploiement dans toute l’Europe et son enrichissement à tous les services sont désormais nos priorités. Ce projet démarré avant le Covid a montré toute son efficacité pendant la crise sanitaire.

Le deuxième est celui du « selfcare des outils télématiques ». Comment permettre à nos clients de gérer eux-mêmes leur télématique à travers une interface digitale ? Cela implique des investissements importants dans les référentiels et infrastructures techniques avant de pouvoir proposer des parcours ergonomiques. Ces interfaces permettront, en toute autonomie, de rajouter ou supprimer simplement un compte ou un utilisateur sur chacun des canaux télématiques. Enfin, le troisième sujet est celui de la signature électronique pour l’ensemble des contrats que la banque peut proposer à ses clients, et ces contrats sont d’une grande diversité ! On approche du but ! Mais une fois l’outil mis en œuvre, un vrai travail de déploiement est nécessaire afin que les clients l’utilisent.

On travaille, par ailleurs, pour que nos outils de banque en ligne soient les plus complets possible en les enrichissant de tous les services de BNP Paribas et de ses filiales. L’objectif est de disposer d’une vitrine digitale à travers laquelle nos clients pourront piloter l’ensemble des activités qu’ils opèrent avec BNP Paribas.

  1. La question de la fraude et des cyberattaques est un sujet central, comment abordez-vous cela dans la digitalisation des parcours clients ? Quels sont selon vous les prochains défis ? 

Le développement des fraudes est une préoccupation majeure qui touche tous nos marchés : particuliers, professionnels, entreprises. La maîtrise de fraude monétique en e-commerce reste une préoccupation centrale pour protéger nos clients particuliers. Pour les entreprises, l’augmentation des tentatives de fraude sur les virements est significative. Les actions pour contrecarrer ces tentatives sont à déployer tant au niveau des entreprises que de la banque. Côté BNP Paribas, nous avons beaucoup investi pour mieux utiliser nos données de paiement et identifier les opérations qui présentent un caractère anormal ou inhabituel. Dans une telle situation, l’opération est mise en suspens, notre client entreprise alerté pour qu’il puisse confirmer son opération. Le challenge est de bien positionner le curseur des alertes pour éviter qu’elles deviennent trop fréquentes et se banalisent. Dès que l’attention se relâche le risque augmente de laisser passer une fraude mécaniquement.

L’augmentation du nombre des tentatives de fraudes est inquiétante. Notre défi collectif est d’arriver à continuer à porter un discours de vigilance et de prudence sans qu’il ne se banalise. Tous les algorithmes et l’intelligence artificielle la plus élaborée ne pourront, à eux seuls, protéger nos clients de toutes les fraudes.

Le risque cyber est, vu de la banque, d’une autre nature puisqu’elle n’est pas directement impliquée au moment de l’attaque d’un de ses clients. En revanche, si l’attaque a atteint ses fonds en bloquant l’entreprise, nous jouons tout notre rôle pour aider notre client à assurer ses opérations urgentes. L’idée est de disposer de canaux alternatifs sécurisés que l’on puisse activer si le canal de communication habituel est bloqué.

Au-delà de ces situations de crise, grâce à notre pratique du risque cyber, nous avons également conçu des diagnostics et des offres de partenaires pour accompagner nos clients dans l’évaluation et la prévention de ces risques.

 

  1. Quelles seront pour vous les prochaines innovations dans le secteur des services de cash management ? 

Les futures innovations ne manquent pas et il n’est pas facile d’en faire une synthèse en quelques mots ! Un premier bloc tourne autour du développement du e-commerce et de tous les nouveaux parcours digitaux. Les usages évoluent de plus en plus vite et les paiements doivent s’y adapter. Les parcours sont de plus en plus hybrides et nécessitent une adaptation continue de nos solutions d’acceptation et d’acquisition monétique.

Un autre bloc important s’articule autour de la connectivité des API et du temps réel. Aujourd’hui nous mettons à disposition de nos clients le reporting des opérations qui ont été traitées. Demain, il faudra mettre à disposition des clients des données beaucoup plus riches, et celui-ci décidera quand et quoi utiliser. C’est un changement de paradigme dont on n’a pas encore vu toutes les implications en fonctionnelles ou organisationnelles.

Et pour donner un troisième axe : l’évolution que vont connaître les paiements B to B : la généralisation de la facture électronique, le développement du request to pay vont créer les conditions pour revisiter tous les work flow d’achat. Plus digitaux, mieux intégrés aux process internes, ils vont nécessiter que le trésorier s’implique dans leur définition pour ne pas se voir désintermédier dans des choix qui impacteront les outils de paiements ou le choix des banques.