SYRTALS CARDS

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Angelo CACI

La guerre des wallets bat son plein !

Nés il y a plus de 25 ans, les premiers portefeuilles électroniques ou e-wallets se sont développés essentiellement avec la généralisation du e-commerce. Les promoteurs de ces services ont compris avant l’heure que des modes de paiement familiers, dont la carte, pouvaient ne pas combler l’ensemble des acheteurs, et que leurs solutions pouvaient donc s’avérer plus commodes, rapides, voire plus sûres. Ces e-wallets sont ainsi devenus tout à la fois des modes de paiement, des facilitateurs de conversion et des tiers de confiance.
Chemin faisant, les plus puissants d’entre eux ont réussi à bâtir une marque planétaire avec leurs règles propres (ex : sécurité ; garantie ; modalités de remboursement…).

Dans cette catégorie, sans faire injure aux autres prestataires, citons en premier lieu :
–        PayPal : née en 1998, cette start-up d’alors a connu un vif succès, en particulier grâce à la marketplace eBay qui décide de la racheter en 2002 pour 1,5 milliard de $, avant d’en faire un spin-off en 2015. PayPal a non seulement réussi à imposer un positionnement premium mais il continue d’afficher des performances solides comme en témoignent ses résultats 2024 : CA : 31,8 milliards US$ ; résultat : 5,8 milliards US$ ; flux de paiement : 1 680 milliards US$ ; 434 millions de comptes actifs ; 26,3 milliards de transactions de paiement ; marketcap : 69 milliards US$
–        En surfant sur les atouts de leur maison-mère (marketplace Alibaba) pour l’un et messagerie Wechat pour le second, Alipay (Ant group) et Wechatpay (Tencent) sont devenus au fil des ans de formidables super-app proposant des centaines de services. Aujourd’hui, les deux géants contrôlent près de 90% de leur marché domestique avec plus d’un milliard d’usagers et se sont propagés sur plusieurs continents. Avec Alipay+ qui fédère une trentaine de wallets domestiques, Ant est allé un cran plus loin en contrôlant un vaste réseau d’acceptation privatif couvrant des dizaines de pays.

Sans surprise, wallet rime de plus en plus avec mobile et les deux sujets se confondent dès lors que notre compagnon favori joue un rôle pivot dans notre vie quotidienne et dans nos parcours d’achat et de paiement.
Les opérateurs mobiles africains ont ouvert la voie dans les années 2000 avec M-Pesa, Orange Money, Airtel, MTN et consorts. Dans les pays matures où après de nombreuses vicissitudes (chaque nouvelle année devait être celle du décollage du m-payment) et moult projets avortés, les xPay (ApplePay, GooglePay, SamsungPay) ont pris le relais à partir de 2014 et démocratisé cette nouvelle façon de payer, non sans exploiter à bon compte les efforts consentis par les banques, schemes et retailers dans l’élaboration de systèmes NFC sans contact.

Nous connaissons la suite, des milliers de banques et émetteurs dans le monde se sont ralliés aux xPay, Apple en tête.
À date, outre les acteurs déjà cités, on dénombre une multitude d’acteurs de tout bord jouant des coudes pour conserver ses positions ou se faire une place :

  • Cards schemes : Click2Pay, BancomatPay, MBway
  • Coalitions bancaires : Wero/EPI, Blik, Bizum, Twint, Swish, VippsMobilepay, Lyf, Paze
  • Fintechs : Satispay, Bluecode, Wave, Opay, Paybyphone, Curve
  • Bigtechs, géants du web et des réseaux sociaux : AmazonPay, WhatsappPay, GrabPay, GoPay, LinePay, MercadoPay, KakaoPay
  • Retailers : Walmart, Starbucks, Lidl…

Charge à eux évidemment d’aligner, dans la durée, plusieurs attributs majeurs en termes de praticité, interopérabilité, instantanéité, fluidité, sécurité, cross-canalité, notoriété… sans oublier l’obtention de volumes conséquents sans lesquels l’aventure peut vite tourner au vinaigre.
Rappelons que l’euphorie qui a entouré le phénomène wallet et mobile dans les années 2000/2020 a également scellé le sort de nombreux postulants. Nous vous faisons grâce de la liste exhaustive des défunts mais les plus anciens se souviendront de quelques noms tels que Buyster, Kwixo, V.Me, ClickandBuy, Yapital, Mobito, Isis, WyWallet, FlashIZ, MCX, FlashNpay, Kix, PayM… et d’autres matricules rejoignent le cimetière à intervalle régulier.

C’est pourquoi, les belligérants en lice font feu de tout de bois pour se différencier et élargir leur offre : PtoP, paiement e-commerce et magasin, BNPL, fidélité, transit, identité numérique, etc. En outre, ils fusionnent ou scellent des accords pour atteindre la taille critique plus rapidement ou accélérer leur déploiement géographique, par exemple fusion de Vipps et MobilePay (présence dans quatre pays scandinaves), création de l’alliance EuroPA (Bizum, BancomatPay, MBway) que Vipps et Blik ont annoncé rejoindre. EPI/wero est d’emblée multi-pays et multi-fonction dans sa vocation, ses débuts sont prometteurs et il faut lui souhaiter pleine réussite dans le franchissement des paliers successifs.

Par moments, la réglementation peut également impacter l’épopée des wallets. À titre d’exemple, plusieurs juridictions dont l’UE ont enjoint ApplePay à autoriser des tiers à accéder à son système NFC. C’est ainsi que des protagonistes se sont engouffrés dans la brèche à l’instar de PayPal, Vipps, Curve et à n’en pas douter, d’autres PSP, banques et fintechs vont suivre. De là à endiguer rapidement l’avance prise par ApplePay, pas sûr, mais mettre un terme, même tardivement, à l’hégémonie d’Apple est salutaire à plus d’un titre.

Une autre question qui revient fréquemment sur la table est celle des sous-jacents de paiement, à savoir, in fine, sur quel rail et selon quelle méthode se dénoue la transaction : carte, compte, monnaie électronique, cryptos… ?

Les xPay ont jusqu’alors privilégié la carte quand d’autres ont choisi l’account-to-account (Wero, Blik, Bizum…). Tandis que d’autres encore adoptent une approche mixte (ex : PayPal, Vipps, Swish…).
Nous allons assurément assister à une longue coexistence entre ces modèles d’autant plus que chacun aura ses avantages et ses inconvénients. Tantôt, les usagers pourront être sensibles aux bénéfices attachés aux cartes enrôlées dans leurs app (ex : assurances, assistances, cashback…), ou se satisferont d’un dénouement simple par virement (cf. le succès d’iDeal aux Pays-Bas depuis plus de 15 ans).
Assurément, les épisodes à venir de la saga des wallets vont être palpitants à maints égards et nous permettront de discerner au fur et à mesure les vainqueurs des vaincus.

Syrtals Cards vient de publier l’étude « Le paiement digital dans tous ses états ! Opus N°7 » disponible sur notre site web www.syrtals-cards.com/publications