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Newsletter N° 46 - juin 2025

   Editorial

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Laurent ROUILLAC

PDG Syrtals SI

Les paiements, des métiers d’équilibre et de maîtrise

Depuis plus de 20 ans, le secteur des paiements absorbe des transformations majeures : technologies en temps réel, identité numérique, blockchain, services dans le cloud… Cette dynamique pourrait laisser croire que l’innovation seule fait la valeur. Or, ce n’est pas la technologie qui fait l’évolution des paiements : ce sont les femmes et les hommes qui les conçoivent, les sécurisent, les font fonctionner chaque jour.

Des métiers exigeants, stratégiques, qui ne s’improvisent pas. Maîtriser les paiements, c’est comprendre à la fois la technique, les usages, les risques, les attentes des clients… et les contraintes. C’est faire dialoguer sécurité et simplicité, conformité et performance. C’est surtout savoir que chaque évolution doit s’inscrire dans un équilibre nécessaire.
Cet équilibre fondamental permet à nos systèmes de paiement de rester performants, sûrs et adaptés, dans un environnement de plus en plus complexe. Un équilibre possible grâce à de l’expertise, de l’expérience et une compréhension profonde des enjeux par des spécialistes.

Certaines formations abordent les enjeux des paiements, mais elles ne suffisent pas à elles seules à forger une véritable expertise. Celle-ci s’acquiert dans le temps long, au sein d’organisations qui en ont fait leur spécialité. Dans un marché aussi concurrentiel, traversé par des enjeux de souveraineté technologique et économique, il est essentiel de cultiver une exigence constante : exigence de précision, de rigueur, de compréhension fine des technologies comme des usages, mais aussi exigence de veille continue, de maîtrise des risques, et de conformité aux cadres réglementaires.

La France dispose d’une expertise reconnue dans les paiements, nourrie par des femmes et des hommes engagés, qui ont fait de ce métier leur domaine d’excellence. Pour rester à la pointe, il nous faut continuer à former, à transmettre, à innover, et à considérer pleinement cette filière comme stratégique.

C’est à cette condition que nous pourrons continuer à proposer des solutions durables, sécurisées, et au service de l’efficacité économique.

SYRTALS CARDS

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Angelo CACI

La guerre des wallets bat son plein !

Nés il y a plus de 25 ans, les premiers portefeuilles électroniques ou e-wallets se sont développés essentiellement avec la généralisation du e-commerce. Les promoteurs de ces services ont compris avant l’heure que des modes de paiement familiers, dont la carte, pouvaient ne pas combler l’ensemble des acheteurs, et que leurs solutions pouvaient donc s’avérer plus commodes, rapides, voire plus sûres. Ces e-wallets sont ainsi devenus tout à la fois des modes de paiement, des facilitateurs de conversion et des tiers de confiance.
Chemin faisant, les plus puissants d’entre eux ont réussi à bâtir une marque planétaire avec leurs règles propres (ex : sécurité ; garantie ; modalités de remboursement…).

Dans cette catégorie, sans faire injure aux autres prestataires, citons en premier lieu :
–        PayPal : née en 1998, cette start-up d’alors a connu un vif succès, en particulier grâce à la marketplace eBay qui décide de la racheter en 2002 pour 1,5 milliard de $, avant d’en faire un spin-off en 2015. PayPal a non seulement réussi à imposer un positionnement premium mais il continue d’afficher des performances solides comme en témoignent ses résultats 2024 : CA : 31,8 milliards US$ ; résultat : 5,8 milliards US$ ; flux de paiement : 1 680 milliards US$ ; 434 millions de comptes actifs ; 26,3 milliards de transactions de paiement ; marketcap : 69 milliards US$
–        En surfant sur les atouts de leur maison-mère (marketplace Alibaba) pour l’un et messagerie Wechat pour le second, Alipay (Ant group) et Wechatpay (Tencent) sont devenus au fil des ans de formidables super-app proposant des centaines de services. Aujourd’hui, les deux géants contrôlent près de 90% de leur marché domestique avec plus d’un milliard d’usagers et se sont propagés sur plusieurs continents. Avec Alipay+ qui fédère une trentaine de wallets domestiques, Ant est allé un cran plus loin en contrôlant un vaste réseau d’acceptation privatif couvrant des dizaines de pays.

Sans surprise, wallet rime de plus en plus avec mobile et les deux sujets se confondent dès lors que notre compagnon favori joue un rôle pivot dans notre vie quotidienne et dans nos parcours d’achat et de paiement.
Les opérateurs mobiles africains ont ouvert la voie dans les années 2000 avec M-Pesa, Orange Money, Airtel, MTN et consorts. Dans les pays matures où après de nombreuses vicissitudes (chaque nouvelle année devait être celle du décollage du m-payment) et moult projets avortés, les xPay (ApplePay, GooglePay, SamsungPay) ont pris le relais à partir de 2014 et démocratisé cette nouvelle façon de payer, non sans exploiter à bon compte les efforts consentis par les banques, schemes et retailers dans l’élaboration de systèmes NFC sans contact.

Nous connaissons la suite, des milliers de banques et émetteurs dans le monde se sont ralliés aux xPay, Apple en tête.
À date, outre les acteurs déjà cités, on dénombre une multitude d’acteurs de tout bord jouant des coudes pour conserver ses positions ou se faire une place :

  • Cards schemes : Click2Pay, BancomatPay, MBway
  • Coalitions bancaires : Wero/EPI, Blik, Bizum, Twint, Swish, VippsMobilepay, Lyf, Paze
  • Fintechs : Satispay, Bluecode, Wave, Opay, Paybyphone, Curve
  • Bigtechs, géants du web et des réseaux sociaux : AmazonPay, WhatsappPay, GrabPay, GoPay, LinePay, MercadoPay, KakaoPay
  • Retailers : Walmart, Starbucks, Lidl…

Charge à eux évidemment d’aligner, dans la durée, plusieurs attributs majeurs en termes de praticité, interopérabilité, instantanéité, fluidité, sécurité, cross-canalité, notoriété… sans oublier l’obtention de volumes conséquents sans lesquels l’aventure peut vite tourner au vinaigre.
Rappelons que l’euphorie qui a entouré le phénomène wallet et mobile dans les années 2000/2020 a également scellé le sort de nombreux postulants. Nous vous faisons grâce de la liste exhaustive des défunts mais les plus anciens se souviendront de quelques noms tels que Buyster, Kwixo, V.Me, ClickandBuy, Yapital, Mobito, Isis, WyWallet, FlashIZ, MCX, FlashNpay, Kix, PayM… et d’autres matricules rejoignent le cimetière à intervalle régulier.

C’est pourquoi, les belligérants en lice font feu de tout de bois pour se différencier et élargir leur offre : PtoP, paiement e-commerce et magasin, BNPL, fidélité, transit, identité numérique, etc. En outre, ils fusionnent ou scellent des accords pour atteindre la taille critique plus rapidement ou accélérer leur déploiement géographique, par exemple fusion de Vipps et MobilePay (présence dans quatre pays scandinaves), création de l’alliance EuroPA (Bizum, BancomatPay, MBway) que Vipps et Blik ont annoncé rejoindre. EPI/wero est d’emblée multi-pays et multi-fonction dans sa vocation, ses débuts sont prometteurs et il faut lui souhaiter pleine réussite dans le franchissement des paliers successifs.

Par moments, la réglementation peut également impacter l’épopée des wallets. À titre d’exemple, plusieurs juridictions dont l’UE ont enjoint ApplePay à autoriser des tiers à accéder à son système NFC. C’est ainsi que des protagonistes se sont engouffrés dans la brèche à l’instar de PayPal, Vipps, Curve et à n’en pas douter, d’autres PSP, banques et fintechs vont suivre. De là à endiguer rapidement l’avance prise par ApplePay, pas sûr, mais mettre un terme, même tardivement, à l’hégémonie d’Apple est salutaire à plus d’un titre.

Une autre question qui revient fréquemment sur la table est celle des sous-jacents de paiement, à savoir, in fine, sur quel rail et selon quelle méthode se dénoue la transaction : carte, compte, monnaie électronique, cryptos… ?

Les xPay ont jusqu’alors privilégié la carte quand d’autres ont choisi l’account-to-account (Wero, Blik, Bizum…). Tandis que d’autres encore adoptent une approche mixte (ex : PayPal, Vipps, Swish…).
Nous allons assurément assister à une longue coexistence entre ces modèles d’autant plus que chacun aura ses avantages et ses inconvénients. Tantôt, les usagers pourront être sensibles aux bénéfices attachés aux cartes enrôlées dans leurs app (ex : assurances, assistances, cashback…), ou se satisferont d’un dénouement simple par virement (cf. le succès d’iDeal aux Pays-Bas depuis plus de 15 ans).
Assurément, les épisodes à venir de la saga des wallets vont être palpitants à maints égards et nous permettront de discerner au fur et à mesure les vainqueurs des vaincus.

Syrtals Cards vient de publier l’étude « Le paiement digital dans tous ses états ! Opus N°7 » disponible sur notre site web www.syrtals-cards.com rubrique Actualités/Publications

RUBRIQUE CASH MANAGEMENT

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José TEIXERA

Faciliter la mobilité et la sécurité des échanges bancaires

La digitalisation croissante des processus financiers et l’augmentation de la fraude poussent les entreprises à repenser la manière dont elles sécurisent et valident leurs flux bancaires.
La signature électronique dans le cloud, le renforcement des standards cryptographiques et le respect des nouvelles normes européennes sont parmi les catalyseurs de cette transformation.

La signature cloud, un usage interopérable et sécurisé
Cette signature cloud s’applique notamment aux protocoles d’échanges bancaires type EBICS, SwiftNetFileAct ou FTP et plus largement à tout type d’échange structuré, cette signature permet :

  • une signature unique, mobile et sans support physique (plus de token ou carte à puce) ;
  • une conformité avec eIDAS 2 et les dispositifs d’identité numérique européens ;
  • une compatibilité multi-banque, multi-certificat et multi-métier pour la signature cloud consortium (paie, trésorerie, ERP) ;
  • une utilisation étendue possible, notamment dans la zone SEPA.

Un environnement technologique favorable
Le cloud signature consortium (CSC) encadre les standards techniques, avec des environnements en cours de validation. Côté EBICS, le comité français d’organisation et de normalisation bancaires (CFONB) a d’ores et déjà référencé dans la politique d’acceptation commune les certificats cloud (PAC) des AC comme CERTINOMIS et CERTEUROPE. Côté SWIFT, le lancement de 3SKey Digital est attendu pour décembre 2025. Toutes ces solutions reposent sur des certificats à clés renforcées garantissant intégrité et non-répudiation.

Trois bénéfices concrets sont atteints :

  • allègement de la logistique : fin de la gestion des dispositifs matériels ;
  • mobilité : signature possible à distance, en télétravail ou en déplacement ;
  • accélération de la digitalisation : intégration directe dans les workflows de
    validation actuels en garantissant une sécurité renforcée contre les fraudes, et une traçabilité complète.

Une étape stratégique pour les entreprises
Ce nouveau modèle de signature, conforme aux exigences réglementaires européennes, ouvre la voie à une meilleure efficacité opérationnelle. Il constitue un levier clé pour moderniser la gestion des paiements et renforcer la sécurité des flux financiers.

La plupart des éditeurs de solutions de trésorerie et de communication bancaire sont prêts, ou en phase de tests. La disponibilité des certificats cloud commercialement démarre pour certaines AC, et va s’étaler tout le long de l’année, la 3sKey digital de Swift est prévue pour la fin de l’année. Les banques devraient être prêtes à les accepter au second semestre 2025.

RUBRIQUE PAIEMENTS

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Marc Alexis BARON

Vérification of Payee (VoP) et signature cloud : une nouvelle ère dans la sécurité des paiements

Le 19 mai dernier s’est tenu un webinaire organisé par Syrtals consacré à la problématique « Conformité et innovation ». Avec la participation exceptionnelle de Véronique Ledunois (Responsable de projets – BPCE) et Frédéric Lallemand (Stratégie et relations de place – CA PS).

Dans un contexte de montée en puissance des virements instantanés (sous l’impulsion de l’IPR (1) ), l’EPC a établi des guidelines pour le scheme VoP pour répondre aux enjeux de sécurisation des paiements SEPA (prévenir la fraude ainsi que les erreurs dans les opérations de paiement). L’objectif vise à encadrer les contrôles de correspondance entre le bénéficiaire d’un virement et son compte bancaire avant exécution du paiement (check entemps réel, 5’ max) par  les PSP (PSP demandeur (2) & PSP répondant (3) ), garantissant ainsi la conformité et l’interopérabilité au sein de l’écosystème des paiements.

En effet, le 9 octobre 2025, les PSP de la zone euro auront pour obligation d’émettre des virements IP (la réception étant due depuis le 9 janvier 2025), dans un délai de 10’, en EDI et sur les mêmes canaux que les autres virements, en permettant au client de modifier à tout moment le plafond de ses virements, tout en proposant gratuitement le service dit de vérification du bénéficiaire pour tous les virements SEPA (instantanés, classiques, intraday, unitaire/fichier).

Devant les multiples communications sur ce sujet réglementaire, le cabinet Syrtals fait le choix, à travers ce webinaire, d’apporter, aux Corporates, un éclairage pragmatique sur les obligations incombant à leur PSP et leurs déclinaisons opérationnelles sur les pratiques de cash management et processus métiers des entreprises.

Scenarii de la VoP et solutions imaginées par les banques sur les processus de virement unitaire et les remises de fichiers
Outre le périmètre d’application de la VoP (tout ordre de virement SEPA, canaux
d’acquisition de type mobile, Web, Agence, EBICS, Swift, PeSit) et ses exclusions (telles que les virements TARGET, CBK et MT), un premier niveau de détail a été apporté sur son modus operandi. Que ce soit pour les personnes physiques [couple IBAN+ Nom prénom] comme pour les personnes morales [couple IBAN + Raison sociale ou SIREN/SIRET/TVA intra/LEI (4) /EUID ( ], chaque appel VoP pourra recouvrer quatre réponses possibles de la part du PSP répondant (bénéficiaire) : « MATCH » (données vérifiées OK) ; « NO RESPONSE » (vérification impossible) ; « NO MATCH » (données vérifiées KO) ; « ALMOST MATCH » (correspondance partielle).

Typiquement sur ces deux derniers, sujets à bon nombre d’interrogations et d’interprétations (à commencer par les postulats de mise en application des PSP), des explicitations ont été données sur les remontées d’informations (telles que le « nom » exact dans le cas d’un « almost match ») dans la réponse du PSP répondant permettant ainsi la correction du nom du bénéficiaire par le donneur d’ordre.
De même, un focus particulier a été fait sur la mécanique (et leur pertinence !) des algorithmes des banques ou de leurs RVM (6) , utilisés pour comparer les données de l’appel VoP et celles mises à disposition par les PSP répondants, puisque rappelons qu’aucunes des préconisations de l’EPC ne concernaient l’algorithme lui-même, le laissant à la main des PSP !
Côté remise de fichiers, les parcours sur la banque à distance (saisie unitaire, dépôt de fichier, transmission de fichier en EDI via eBICs T/PeSit) ont été également détaillés, mettant en exergue par résultat VoP (« Match », « Almost match », « No Match ») les cinématiques possibles côté client. Par exemple, dans le cas de saisie unitaire, il sera possible pour le client de corriger le nom du bénéficiaire, ignorer & poursuite du parcours de virement, abandonner son virement… Dans celui d’un dépôt de fichier, le client pourra décider de soumettre son fichier à la VoP (Opt’in) ou pas (Opt’out). À noter aussi, la gestion de spécificités, telles que les fichiers mono opérations pour lesquels la VOP sera obligatoire.

Impacts et bénéfices de la VoP sur les pratiques cash management
Ce webinaire a également partagé certains exemples de stratégies opportunistes telles que l’approche hybride (« Opt’out » / « On the fly » / « On demand ») permettant d’adapter le modèle de vérification selon le type et la criticité des flux.
Bref, vous l’aurez compris, de nombreux bénéfices pour les entreprises sont à dénombrer, dont le monitoring en propre de la VoP : la réduction des erreurs de paiement (avec une détection en amont des IBAN incorrects…), la sécurisation des flux, l’amélioration de la relation fournisseur (réduction des rejets et délais de paiement cf. jours DSO), l’automatisation des contrôles (avec l’intégration dans les outils TMS/ERP), la traçabilité/auditabilité et la conformité réglementaire (anticipation des exigences de la DSP3).

Envie d’en savoir plus ? D’entrevoir la meilleure stratégie pour votre organisation selon ses flux ? Tout savoir sur ces nouvelles réglementations ? Retrouvez le replay (Webinaire Conformité et innovation) et demandez-nous le support ainsi que la FAQ associée.

1 Instant Payement régulation
2 PSP du PSU (Donneur d’ordre)
3 PSP du bénéficiaire du virement
4 Legal Entity Identifier
5 European Unique Identifier
6 Rooting Verification Mechanism

RUBRIQUE PAIEMENTS

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Busra DEMIR

Universwiftnet 2025 : focus sur l’atelier « Optimisation des encaissements »

Le 27 mai dernier s’est tenue l’édition 2025 de l’Universwiftnet, un événement incontournable pour les professionnels de la finance, des paiements et de la trésorerie. Cette journée a permis de riches échanges entre banques, entreprises et fintechs.

« Optimiser les encaissements : comment fluidifier la liquidité pour une croissance pérenne ? » Cette question a animé un des temps forts de la journée lors d’un atelier animé par le directeur développement groupe − Syrtals Thierry Dinard et Marc Espagnon, head of payments & cash management − BNP Paribas. Les intervenants ont partagé leur expérience, entre préoccupations et cinq pistes d’amélioration possibles.

1. Améliorer le taux de conclusion des ventes en proposant des moyens de paiement adaptés
La réponse possible au taux important de ventes qui échouent à cause d’un refus carte bancaire est l’initiation de virement « open banking » basée sur les API DSP2. Par un jeu d’api, le vendeur envoie une demande de paiement à son acheteur, que ce dernier peut accepter dans son application bancaire.
L’initiation de virement favorise un meilleur taux de conversion sur les paniers élevés, en s’affranchissant des plafonds cartes bancaires. Elle est également moins chère que la carte bancaire, notamment dans les achats B2B, offre une réconciliation facile et une sécurité renforcée.

2. Accélérer les ventes et augmenter les paniers
Le Buy Now Pay Later (BNPL) est désormais généralisé dans les achats en B2C. En B2B, sa mise en œuvre est plus complexe, mais on voit apparaître des solutions opérationnelles utilisant des techniques de scoring en temps réel basées sur l’open data.
C’est une collaboration entre fintechs et banques ou factors qui permettra une percée du BNPL pour les achats des entreprises.

3. Accélérer les encaissements
Des solutions pratiques existent comme celle de demander à son facilitateur de paiement d’utiliser le virement instantané en mode fichier pour réaliser son « payout » ou encore mieux utiliser les Payment Status Report (PSR) et camt54 pour mieux suivre le cycle de vie des prélèvements émis.

4. S’assurer du règlement des factures et fiabiliser la réconciliation
Comment les IBANs virtuels facilitent la réconciliation automatisée des paiements reçus ?
Autrefois complexe à mettre en œuvre à cause de la diversité des ERP, cette solution a désormais atteint une maturité fonctionnelle. Elle est de plus en plus standardisée et largement déployée, notamment dans les grands groupes.

Complément prometteur à la facture électronique, le « Request-to-Pay » offre un fort potentiel d’optimisation des processus d’encaissement, mais son succès dépendra d’initiatives de place. Il reste aujourd’hui dans une phase expérimentale, en attente de cas d’usage et d’acteurs prêts à s’engager.

5. Réduire les impayés sur les facturations récurrentes
Trois solutions ont été abordées :
– Le service CB de mise à jour des données cartes bancaires permet aux prestataires d’acceptation technique (PAT) de mettre à jour automatiquement les données de carte pour éviter les rejets sur paiements récurrents lorsque la carte a expiré.
– Les remises anticipées de prélèvements SEPA permettent de passer en premier le jour du règlement.
– Les techniques élaborées de représentation des prélèvements SEPA impayés utilisent des techniques d’apprentissage automatique, le fait de découper les montants prélevés ou encore d’alterner débit sur le compte et débit sur la carte.

En conclusion de cet atelier, Marc Espagnon a souligné que ces cinq pistes d’amélioration ne s’opposent pas, bien au contraire : « Ce sont des briques modulaires qui peuvent être activées à différents endroits du parcours client ». Le bon réflexe : tester, sur un segment ou une typologie client, et en mesurer l’impact.

  RUBRIQUE SYRTALS MARKETS

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Nidhal JAADARY

L’IA passe à la vitesse supérieure dans la BFI Marchés

L’intelligence artificielle (IA) est en train de redessiner les coulisses de la banque de financement et d’investissement (BFI), bien au-delà des desks de trading. Les fonctions support sur les marchés financiers (juridique, conformité, middle office, gestion du collatéral, reporting réglementaire, risques de marché) sont désormais en première ligne de cette révolution.

Cas d’usage concrets de l’IA dans les fonctions support
Aujourd’hui, certaines grandes BFI ont mis en place des modèles d’IA capables d’analyser automatiquement les confirmations de trades, d’extraire des clauses critiques des annexes ISDA, ou de générer des rapports de P&L journaliers en quasi-temps réel. En gestion du collatéral, l’automatisation IA des appels de marge ou la priorisation des mouvements inter- juridictionnels permet de réduire les délais d’allocation et de sécuriser les expositions.
En matière de conformité, les outils de surveillance des communications (emails, chats, appels) sont dopés par le NLP pour identifier en amont les risques de manipulation de marché ou d’abus de position. Le middle office, quant à lui, voit apparaître des algorithmes capables de réconcilier les écarts post-trade ou de générer des alertes prédictives sur des incidents opérationnels.
Les récents travaux de l’ISDA sur la digitalisation des annexes de support de crédit (CSA), grâce à l’IA générative, montrent à quel point ces transformations sont concrètes. En rendant intelligibles et interopérables des documents complexes jusqu’ici traités manuellement, l’IA devient un levier de modernisation des chaînes post-trade !

Impacts de l’IA sur les fonctions support
Au middle office et en post-trade, l’IA améliore la qualité et la rapidité du traitement post-marché : réconciliation intelligente entre systèmes front et back via des modèles de machine learning, détection automatique des écarts entre booking et confirmation, priorisation des incidents selon leur criticité et l’impact financier.
Certaines banques ont aussi recours à l’IA pour simuler l’impact d’un incident opérationnel sur la chaîne de valeur complète d’un produit structuré, permettant une meilleure gestion proactive.
On notera l’exemple de l’ISDA et la démonstration sur la gestion du collatéral et des CSA, en mai 2025, l’ISDA a publié une étude démontrant l’efficacité des modèles d’IA générative pour extraire et digitaliser les clauses clés des Credit Support Annexes (CSA). Huit grands modèles de langage (LLM) ont été testés sur leur capacité à identifier les éléments critiques (seuils de marge, règles d’éligibilité des actifs, appels de marge intraday, etc.). Résultat :
certains modèles ont atteint un taux de précision supérieur à 90 %. Cette avancée ouvre la voie à une intégration directe des CSA dans le Common Domain Model (CDM) de l’ISDA, facilitant leur utilisation dans des workflows automatisés de gestion du collatéral et en conformité et contrôle des risques de marché, la surveillance des communications avec le NLP pour détecter des comportements à risque (ex. : spoofing, collusion).
L’IA prédictive permet d’anticiper les expositions sensibles à la volatilité ou au stress de liquidité. Enfin, l’automatisation des contrôles ex post sur des opérations à caractère potentiellement abusif est également facilitée.

Gouvernance de l’IA : un enjeu clé pour les fonctions support
En ce qui concerne la conformité réglementaire et le modèle de gouvernance, avec l’arrivée du règlement européen sur l’intelligence artificielle (AI Act), les fonctions support devront s’assurer que les systèmes IA déployés sont :

  • explicables, avec des logiques décisionnelles compréhensibles par les
    équipes risques et conformité.
  • traçables, via des journaux de traitement clairs (log data, audit trails).
  • supervisés, avec des modèles validés et re-calibrés régulièrement.

L’IA entraîne une nouvelle articulation des responsabilités, avec la création de comités de gouvernance IA métiers au sein de la BFI, impliquant les équipes risques opérationnels marchés, juridique structuration, les experts modèle (quants) et data management, et même des représentants du front office pour ajuster l’usage métier.
La gouvernance s’inscrit donc aussi dans la logique du model risk management, qui est étendue aux algorithmes non financiers.

Nouveaux talents dans les fonctions support
L’intégration de l’IA entraîne une mutation des rôles existants et l’émergence de profils inédits et hybrides, avec l’émergence de nouveaux métiers tels que :

– AI Legal Analyst (Marchés) spécialisé dans l’analyse de la documentation
contractuelle dérivés/ISDA avec l’IA ;
– Risk Model Steward en charge de la gouvernance des modèles IA utilisés par les fonctions support ;
– AI Trade Surveillance Officer, expert des outils IA de détection comportementale.

Le déploiement de l’IA nécessite aussi une montée en compétences pour les fonctions historiques, notamment pour l’interprétation des outputs IA et de la mise à disposition d’outils no-code/low-code pour permettre à des fonctions non techniques d’utiliser l’IA dans leurs workflows.

Pour conclure, l’IA transforme structurellement les fonctions support de la BFI côté marchés. Loin d’un simple outil d’automatisation, elle devient un vecteur de gouvernance augmentée, d’agilité opérationnelle et de compétitivité. Les initiatives comme celles de l’ISDA sur les CSA montrent que cette transformation est déjà en marche, portée par des acteurs de référence.
Une gouvernance robuste, une montée en compétences ciblée, et l’intégration progressive de nouveaux métiers au cœur de la chaîne post-trade sont les clés du succès. L’IA ne remplace pas les fonctions support sur les marchés financiers, elle les fait entrer dans une nouvelle ère de performance et de résilience.

 INTERVIEW

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Frédéric BURTZ

Directeur des Paiements du Groupe BPCE
Interview de Frédéric Burtz, Directeur des Paiements du Groupe BPCE 

Nommé récemment à la tête du Métier Paiements du Groupe BPCE, Frédéric Burtz revient pour Syrtals sur les grandes priorités du groupe en matière de stratégie, d’innovation et de souveraineté dans les paiements. Il nous partage également sa vision de l’évolution du marché, notamment à travers le développement du wallet européen Wero.

1. Vous avez récemment été nommé Directeur du Métier Paiements de BPCE Digital & Payments. Quelles sont vos priorités stratégiques pour renforcer la position du Groupe BPCE dans l’écosystème des paiements en constante
évolution ?

Au cours des dernières années, le Groupe BPCE a beaucoup investi dans le domaine des paiements, qu’il a structuré comme un métier à part entière. Ces investissements, organiques et inorganiques, avec un modèle réussi d’intégration de fintechs, permettent au Groupe BPCE de se positionner comme le deuxième acteur des paiements en France, avec plus de 20 % de part de marché. Aujourd’hui, nous pouvons nous appuyer sur une offre complète de services de paiements qui s’adresse aux clients des réseaux bancaires du Groupe (Banque Populaire, Caisse d’Épargne…) et à des clients directs (commerçants de
toutes tailles, fintechs et établissements financiers). Nous sommes aussi pionniers sur l’innovation : nous avons été les premiers à lancer Apple Pay, le virement instantané et plus récemment Wero en France.

Dans son plan stratégique Vision 2030, le Groupe BPCE s’est fixé de nouvelles ambitions sur l’ensemble de ses offres : paiements carte et digitaux, flux (virements et prélèvements), lutte contre la fraude. Nous avons notamment lancé un processeur commun avec BNP Paribas, qui se nomme « Estreem », et qui permettra aux deux groupes de s’appuyer sur une plateforme nouvelle génération pour le processing de leurs paiements. Une fois opérationnelle, Estreem sera leader en France et dans le Top 3 en Europe.

Nous nous attachons également à contribuer fortement à l’émergence d’un écosystème de paiement européen plus intégré et compétitif. La souveraineté des paiements est à la fois un enjeu d’autonomie et de compétitivité pour l’économie française et européenne. Nous y contribuons en portant la feuille de route de l’European Payments Initiative company et en soutenant pleinement le GIE Cartes Bancaires (CB), le schéma de paiement carte français.

2. Avec la montée en puissance des paiements instantanés, de l’open banking et des nouvelles technologies, comment BPCE Payment Services et Payplug s’adaptent-ils pour répondre aux besoins des entreprises, des banques et des fintechs ?

Notre première source d’innovation provient des retours de nos clients, avec ce souci permanent d’optimiser l’expérience et d’accompagner l’évolution des usages.

Pour Payplug, cela se traduit par une recherche constante de performances de
transformation associée à une simplicité pour les marchands. Quelle que soit leur taille, lescommerçants souhaitent éviter toute friction lors des étapes clés que sont l’onboarding oul’intégration des solutions, et attendent des fonctionnalités avancées (multiplication des moyens de paiement disponibles, pages de paiement personnalisées) ainsi que les taux d’acceptation les plus élevés du marché.

Pour BPCE Payment Services, qui gère plus de 11 milliards de transactions carte ou flux par an, et plus de 30 millions de cartes de paiement, l’enjeu est d’investir dans les actifs technologiques nous permettant de sécuriser la monétique du Groupe, ainsi que dans les meilleurs outils de lutte contre la fraude pour protéger nos clients et respecter nos obligations réglementaires.

3. Le portefeuille numérique européen Wero ambitionne de proposer une alternative européenne aux grands wallets internationaux. Quel regard portez-vous sur ce projet stratégique et quels enjeux identifiez-vous pour son adoption par les commerçants et les consommateurs ?

La bataille du wallet est absolument clé. Les GAFA maîtrisent les wallets, ont innové dans ce domaine et ont su conquérir les clients, qui les adoptent et les utilisent. Donc il faut qu’à notre tour, nous investissions pour proposer les meilleures solutions souveraines à nos clients.

Le Groupe BPCE est membre fondateur de l’entreprise européenne EPI, dont la solution Wero a été lancée en septembre 2024 et connaît depuis un vrai succès. Ce nouveau service de paiement fondé sur le virement instantané vise à créer une alternative européenne forte et innovante face aux acteurs internationaux.
Fort de son succès pour les paiements de personne à personne (P2P), Wero va progressivement s’élargir aux paiements en e-commerce et en magasin pour offrir des expériences de paiement innovantes, compétitives et fluides aux consommateurs européens et aux commerçants qui opéreront en Europe.

BPCE tient là aussi à se positionner comme un précurseur : réalisation d’un premier test cross border avec l’Allemagne en décembre 2023 et premier à lancer le service en France.
Aujourd’hui, le Groupe BPCE représente une part de marché 20 % de l’ensemble des transactions P2P Wero.