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La vérification du bénéficiaire (VoP), premiers constats ?
La vérification du bénéficiaire (VoP), contrôle de concordance du bénéficiaire indiqué par le donneur d’ordre d’un virement SEPA, classique ou instantané, avec le titulaire du compte, vise à renforcer la lutte contre la fraude aux paiements. Quels sont les premiers enseignements de la mise en œuvre de cette obligation européenne depuis
le 9 octobre ?
Le service de vérification du bénéficiaire a montré son efficacité dès son entrée en vigueur, notamment pour les virements unitaires.
La communication par les établissements bancaires a été bien anticipée et diffusée, et les parcours clients digitaux aménagés pour prendre en compte cette nouvelle étape du processus de paiement. Quelques lenteurs dues au réseau ont néanmoins été constatées.
Des aménagements en cours côté établissements bancaires
Toutefois, au niveau européen, quelques difficultés nécessitent des aménagements dans les prochaines semaines afin de garantir l’interopérabilité globale du système.
Des problèmes de certificats ont été localement remontés.
Certains établissements utilisent un BIC sur huit positions, alors que le système est basé sur les BIC 11. De ce fait, l’atteignabilité de ces établissements a été impossible et des rejets ont été relevés.
Par ailleurs, des interprétations divergentes dans différents pays européens sur l’utilisation de certains champs ou l’implémentation de la norme ont conduit à des rejets techniques de demandes de vérification cross-border.
Certaines banques européennes ont pu apporter des précisions sur ces aménagements. Cette pratique pourrait se généraliser et amener à des précisions et ajustements dans les spécifications de l’EPC ou des accords bilatéraux.
Il faut noter, par ailleurs, que la validation tardive des guides conduit à des ajustements encore en cours chez les éditeurs.
Et du côté des entreprises ?
Dans leur grande majorité, les entreprises n’ont pas encore fait le pas d’émettre tous leurs paiements avec l’option de vérification. Elles sont encore prioritairement focalisées sur le démarrage de CBPR+ de novembre 2025, et n’ont pas encore modifié leur processus d’émission de paiements de masse.
La tendance serait une adoption progressive de la VoP par les entreprises au cours du 1 er semestre 2026.
Premières données chiffrées
Une semaine après le démarrage SEPAMail a communiqué les premiers éléments relevés sur la plateforme SEPAMail Diamond2.
- Plus de 80 % des demandes des flux de la place française passent par SEPAMail, et il n’a pratiquement pas été relevé de problèmes techniques sur ces demandes (8 millions de demandes entre le 9 et le 14 octobre). À noter que le démarrage des différentes banques est progressif, les flux sont en augmentation, avec une baisse sensible durant le week-end.
- Ces demandes ont donné lieu globalement à 50 % de réponses « Match », et 20 % de « Almost Match » du côté des donneurs d’ordre, et 60 %/20 % du côté des teneurs de compte.
- La place française n’a pas remonté de retard sur les paiements du fait des réponses No match ou des rejets techniques.
Le 22 octobre, soit deux semaines après le démarrage, l’ABBL, l’association bancaire du Luxembourg, a diffusé des premiers chiffres, toutes clientèles confondues.
- Le temps moyen de réponse relevé est de 149 millisecondes, bien inférieur aux 5 secondes requises par la réglementation.
- 60 % des virements contrôlés ont obtenu une réponse « Match », soit une concordance parfaite entre le nom du bénéficiaire fourni par le donneur d’ordre et le nom enregistré par la banque du titulaire du compte.
- 19 % ont abouti à un « Close Match », une correspondance proche entre les deux noms, avec indication en retour du nom enregistré auprès de la banque du titulaire.
- 14 % des virements ont conduit à un « No Match ».
- 7 % n’ont pu faire l’objet du contrôle pour toutes sortes de raisons techniques dont celles évoquées plus haut.
L’ABBL rappelle que dans tous les cas, sur accord du client qui en assume la responsabilité, le virement est exécutable.
Quelles sont les bonnes pratiques ?
La mise à jour des référentiels des bénéficiaires reste une priorité pour bénéficier de la VoP et limiter la fraude. Cette mise à jour doit s’accompagner de l’actualisation des procédures d’ajout ou modification des bénéficiaires ainsi que des procédures de saisie d’un virement ou d’émission de fichiers de paiements.
Les aménagements nécessaires à la mise en œuvre de la VoP doivent être réalisés dans les ERP afin de traiter correctement et rapidement les réponses « Close match », « No match » et « Check not possible », lors de l’émission de virements avec option de vérification des bénéficiaires.
Ces aménagements seront d’autant plus aisés si des clarifications avec la banque permettent de les réaliser en douceur.
Les processus de suppression et recréation des paiements doivent également être clairement définis.

