On s’achemine vers une mise en oeuvre à minima du SEPA en France

On s’achemine vers une mise en oeuvre à minima du SEPA en France

Que peut-on retenir de la migration d’Etebac vers EBICS ou Swiftnet ?

La migration est terminée, en théorie du moins, car il reste sur le terrain quelques irréductibles qui continuent à communiquer avec leurs banques via Etebac, mais à leurs risques et périls puisque le réseau Transpac de l’ex-France Télécom, en cours de démantèlement, n’est plus maintenu. L’arrêt définitif de la commutation de paquets X25 ne saurait tarder à présent : de nombreuses banques ferment les accès Etebac de leurs infrastructures. Pour l’essentiel, les entreprises ont migré vers EBICS ou Swiftnet.

Nous constatons aussi que de nombreuses petites entreprises ont choisi la solution du portail Internet de la banque, même lorsqu’elles travaillent avec deux ou trois banques ! Si les flux Swiftnet ou EBICS montent en charge, la signature électronique tarde à se généraliser chez les trésoriers d’entreprise alors que l’on constate partout une progression de la fraude. Les entreprises doivent aussi intégrer des outils de lutte contre la fraude et le blanchiment d’argent. De nombreux freins expliquent les retards à l’adoption de la signature électronique. Le point capital est que la signature électronique impose aux entreprises de modifier leurs processus internes, ce qui demande la mise en place de programmes d’accompagnement du changement. Dans un environnement de concurrence accru entre les banques, il leur est difficile d’imposer brutalement ce type de dispositif aux entreprises clientes. Des raisons culturelles et de visibilité ne poussent pas non plus dans la bonne direction. Dans cette perspective, l’absence de carte d’identité numérique en France ou encore la politique timide de l’État vis-à-vis des certificats électroniques repoussent à plus tard les projets intégrant la signature électronique.
Le passage au SEPA représente une autre étape majeure pour les entreprises. Quelle est votre vision de la situation actuelle ?
L’échéance du 1er février 2014 a été intégrée par les entreprises. Elles savent que la date ne changera pas et que les projets doivent être mis en route. Le volet du virement SEPA (SCT) ne pose pas de problème particulier. Syrtals note toutefois qu’en cette période de crise qui restreint tous les budgets, les déploiements se feront a minima. Les fonctionnalités à valeur ajoutée risquent d’être peu exploitées pour le moment, les entreprises se limitent à répondre aux exigences réglementaires de la directive. Du côté des prélèvements (SDD), le planning est plus critique. La montée en charge des déploiements se fera sûrement entre fin 2013 et février 2014. Pour une majorité d’entreprises, il n’est pas prévu de passer à l’e-SEPA, et donc au tout électronique. Cette version dématérialisée des mandats n’est pas inscrite dans la directive, même si certains pays comme l’Italie l’ont imposée à leurs entreprises, probablement dans le but de lutter contre la fraude. La plupart des entreprises françaises en resteront dans un premier temps au mandat de prélèvement dans sa forme papier, histoire encore de ne pas chambouler les processus métier, ce qui coûte cher aux entreprises. On s’achemine donc vers une mise en oeuvre minimaliste pour la majorité des implémentations. Quelques entreprises, dont les grands facturiers comme Orange ou EDF, travaillent sur la dématérialisation des mandats de prélèvement. Beaucoup d’entreprises étudient avec attention l’arrivée imminente de Sepamail. Il s’agit d’une initiative des banques françaises pour accepter le paiement de factures en ligne ou sur mobile. Sepamail, audelà du paiement facture en ligne, prévoit une série de services multibancaires capables de sécuriser et de fluidifier le circuit factures règlements. Sepamail est attendu en fin d’année, il a été lancé par le groupe BPCE, le Crédit Mutuel-CIC, BNP Paribas, le Crédit Agricole et la Société Générale.
Quelles sont les tendances les plus significatives dans le cash management en 2013 ?
Parmi les tendances lourdes dans le cash management, la dématérialisation occupe une place prépondérante puisqu’elle accroît l’efficacité et la rentabilité des processus, que ce soit dans le secteur du commerce international ou simplement dans les moyens de paiement. La migration vers l’environnement numérique accompagne la croissance des ventes en ligne ou sur mobiles. Toutes les entreprises évoluent vers cet environnement. L’autre tendance lourde touche à la sécurité car qui dit dématérialisation, dit plus de vulnérabilité aux attaques dans les processus en ligne, ce qui impose des technologies comme l’authentification forte et la signature électronique, incontournables à terme. C’est une préoccupation majeure. Dernière tendance, la centralisation et la mutualisation des processus est la clé pour une plus grande efficacité opérationnelle. Sur le terrain, on constate que la plupart des entreprises font du pilotage par le cash, une évolution imposée par la crise et la plus grande difficulté à trouver des financements.
Au plan technologique, quelles sont les évolutions dans les solutions de cash management ?
Même si les entreprises restent frileuses quand il s’agit d’envoyer des données financières hors de l’entreprise, le phénomène du SaaS s’impose partout. Le pionnier Kyriba a fait des émules, les acteurs historiques industriels de la distribution de licences comme Sage ont tous développé et commercialisent activement des offres en SaaS. Mais SaaS ou pas, le défi pour les entreprises est de maîtriser de bout en bout leurs solutions. Parallèlement, on constate que le mobile devient un second terminal également pour les opérations de cash management. La stratégie du multicanal est plus que jamais porteuse, mais sa généralisation risque de prendre encore du temps.

 

Publication de Laurent Rouillac sur Technologies Bancaires
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