La deuxième directive européenne sur les services de paiement DSP2 a créé un cadre légal pour les services dits d’information sur les comptes et d’initiation de paiement et a surtout obligé les banques à ouvrir l’accès des informations sur les opérations de paiement aux jeunes pousses de la finance.

Aujourd’hui, avec un canal de communication digital 100% en ligne, qui permet notamment une ouverture de compte en quelques minutes, un solde du compte en temps réel, un suivi de l’activité du compte en direct, des frais deux à trois fois moins chers qu’une banque classique, une vision claire sur les dépenses, des alertes sur les limites… Les néo-banques peuvent rendre les applications des établissements traditionnels obsolètes. Toute la question est de savoir comment les banques traditionnelles entendent se positionner vis-à-vis des jeunes pousses de la finance.

Face à l’adhésion de leurs clients à ces nouveaux modèles, les banques traditionnelles ont pris toute la mesure de l’évolution des usages et des attentes de leurs clients afin de ne pas se laisser distancer par ces nouveaux arrivants.

Nous avons été témoins ces dernières années d’un partenariat entre ces différents acteurs avec des acquisitions majeures, comme le rachat du Compte-Nickel par BNP Paribas, du compte en ligne Holvi par le groupe espagnol BBVA ou encore de l’acquisition de Fidor par la BPCE.

L’acquisition de Fidor (détentrice d’une licence bancaire allemande qui propose notamment une plateforme communautaire et une offre bancaire sur mobile) par la BPCE illustre ce partenariat entre banques traditionnelles et néo-banques. En effet, si la BPCE permet à Fidor de bénéficier d’infrastructures, de relations institutionnelles et de base clients, Fidor, en échange, apporte son expertise digitale à travers un nouveau modèle de distribution.

Par cette acquisition, Fidor bénéfice des besoins de fonds propres nécessaires à une petite banque dans un contexte de régulation qui devient très lourde. Pour la BPCE, Fidor représente une brique qui va lui permettre de construire une stratégie pour un monde digital, notamment avec l’arrivée en France de néo-banques européennes (comme N26 ou Revolut) et le lancement d’Orange Bank et de l’offre mobile EKO du Crédit Agricole : une stratégie gagnante pour les deux parties.

Il n’y a donc pas de concurrence entre ces différents acteurs mais plutôt un partenariat. On oppose souvent néo-banques et banques traditionnelles, pourtant elles ne sont pas si différentes, d’un point de vue règlementaire, les néo-banques sont soumises aux mêmes exigences de la part des autorités de contrôle.

Dans un contexte caractérisé par l’accélération des innovations et par l’adoption de nouvelles réglementations, la frontière entre néo-banques et banques classiques s’affine et elles s’inspirent désormais les unes des autres.

En matière de paiement, le deuxième groupe bancaire français a montré qu’il a une vraie stratégie Fintech en procédant à la réalisation de multiples acquisitions. Pour continuer dans cette dynamique, la BPCE peut compter sur sa filiale Natixis qui a annoncé récemment des négociations exclusives pour prendre le contrôle de Comitéo, la plateforme de services à destination des comités d’entreprise qui intègre une place de marché proposant de billets de spectacle, cartes et autres chèques-cadeaux.