La DSP2 est entrée en vigueur le 13 janvier. Elle complète les règles du précédent texte pour la partie tenue de compte, fixe des exigences d’authentification forte et apporte un cadre juridique à deux activités : l’agrégation d’informations sur les comptes (PSIC) et l’initiation de paiement (PSIP). Les règles prévues par la directive et les RTS (Regulatory Technical Standards) s’appliqueront pour l’authentification forte, l’agrégation d’information et l’initiation de paiement à partir de l’automne 2019.

Ces deux nouvelles activités réglementées s’ajoutent aux statuts existants d’établissement de crédit, d’établissement de paiement et d’établissement de monnaie électronique. Ces services sont déjà proposés aujourd’hui par des Fintechs, notamment l’agrégation d’information sur les comptes. Les entités qui les proposent sont appelées Tiers Prestataires de Paiement (TPP). Cependant, elles ne pourront plus utiliser la technique d’aujourd’hui (le web scraping) pour offrir ces services à leurs clients, mais devront faire évoluer leur solution technique pour utiliser les interfaces que les banques sont contraintes de mettre en place (API).

De nouveaux acteurs ont déjà annoncé leur arrivée sur ces activités : les éditeurs de logiciels de communication bancaire, ou de logiciels comptables, des sociétés de financement, etc.

En tant qu’établissements de crédit, les banques disposent de facto de ces nouveaux statuts. Il leur est donc tout à fait possible de proposer à leurs clients des offres d’agrégation et d’initiation. Elles ont alors deux rôles possibles : TPP et prestataire de service de paiement gestionnaire de compte, voire les deux simultanément.

Plusieurs facteurs militent à ce que les banques proposent ces services. Le premier est la confiance que les clients ont dans leur banque. Même si les Fintechs sont des entités solides et sérieuses, leur relative jeunesse constitue un frein aux yeux d’une majorité de clients. A l’opposé, des clients considèrent cette jeunesse comme un atout pour la réactivité et la modernité de l’offre. Le volume actuel des clients des banques est donc un atout et le fait de leur proposer ces offres est une vraie opportunité pour maintenir ce volume et attirer de nouveaux clients, grâce à la qualité de l’offre proposée.

Le deuxième facteur réside dans la nature même de ces services qui sont de puissants moyens de centralisation. La connexion à un seul prestataire servira à la consultation des soldes et des transactions d’une part, et/ou à l’émission de « virements initiés » vers la banque des payeurs d’autre part. Dans ces conditions, autant que la centralisation se fasse à travers la plateforme proposée par la banque. Dans ce cas, le développement de ce type d’offres par les banques représente un choix de raison pour devenir la banque pivot de clients multi-bancaires.

Le troisième facteur est la possibilité pour les banques de construire une offre différenciante. Ces services étant accessibles en ligne, ils vont dans la plupart des cas être intégrés sur le portail bancaire et donc en lien direct avec les autres services, ce que les Fintechs ne pourront pas proposer. La version « tout en un » que les banques vont proposer est un atout.

Il est sûr que les nouveaux acteurs sur ces services vont acquérir une part du marché, mais la construction d’une telle offre par les banques est le meilleur moyen de limiter cette croissance.

En synthèse, le fait que les banques proposent des services d’agrégation et d’initiation de paiement se présente surtout comme un incontournable et donc autant sous l’angle de l’opportunité que du choix de raison.