Carte et Instant Payment : course de fond ou duel sans fondement ?

   Rubrique Syrtals Cards

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Angelo CACI

DG Syrtals-Cards

Carte et Instant Payment : course de fond ou duel sans fondement ?

Partout en Europe, la carte ne s’est jamais aussi bien portée à l’heure où certains pourraient lui prêter un avenir assombri par l’arrivée de l’Instant Payment (IP). Comme souvent en matière de modes de paiement, les pronostics sont hasardeux et les habitudes ont la vie dure !

Même au Royaume-Uni où le Faster Payment mis en place depuis 10 ans connaît un succès certain (1,7 milliard de transactions pour 1 400 milliards £ en 2017 ; une croissance prévue d’environ 25 % sur 2018), le nombre de cartes de paiement en circulation et le volume de transactions restent à des niveaux élevés avec environ 170 millions de cartes pour 17 milliards de transactions en 2017*.

Sans surprise, la carte possède de formidables attributs et quelques réservoirs de croissance.

Tout d’abord, elle reste encore génératrice de PNB (cotisations, commission d’interchange, frais additionnels…). Par ailleurs, le développement du e-/m-commerce et de nouveaux usages (ex : M-Pos ; sans contact ; PtoP ; sharing economy…) lui permet de croître naturellement et de gagner des parts de marché sur le chèque ou les espèces.

Les cartes constituent enfin une arme marketing de conquête et de fidélisation, grâce à une commodité indéniable et à une panoplie toujours plus riche de services associés, qui ravissent le grand public et les entreprises.

Pour s’en convaincre, il faut observer l’ardeur des Fintechs et néo-banques à proposer des applications mobiles associées à leurs cartes de paiement pour en sublimer l’utilisation.

Comment dès lors estimer l’impact potentiel de l’Instant Payment en Europe ?

On ignore à date si la combinaison de chiffres qui caractérise l’Instant Payment/SCT inst 101500024736534 = 10’’ – 15 000 € – 24/7/365 – 34 pays se transformera en formule gagnante pour asseoir son succès au long cours.

L’ambition des autorités et régulateurs est d’en faire une offre paneuropéenne qui permette aux acteurs bancaires de se doter d’une solution de paiement moderne et performante, dont ils contrôleront tous les ingrédients, et de s’exonérer, dans une certaine mesure, de la dépendance des prestataires de la carte et des géants du web, surtout en l’absence de card scheme européen.

Dans ce cadre, il ne faut pas opposer trop hâtivement l’usage de la carte à celui de l’IP et il est illusoire de penser que l’utilisation des cartes va s’éroder rapidement.

Toutefois, les atouts de l’IP sont indéniables : la combinaison SCT inst et Mobile (avec demain un référentiel qui associerait automatiquement numéro de tél et IBAN) a de quoi séduire pour favoriser la conception de nouveaux services en CtoC, CtoB ou BtoB, dans des conditions économiques qui seraient a priori plus compétitives que la carte pour toutes les parties prenantes.

De plus, il garantit un transfert des fonds immédiat et irrévocable. Enfin, le champ d’action européen permet de s’exonérer aisément des frontières nationales.

Des dizaines de banques proposent d’ores et déjà des services basés sur l’IP, en solo ou en partenariat avec leurs pairs, à l’instar des services PtoP qui ont été lancés dans plusieurs pays, Bizum en Espagne, Swish en Suède, PayM au Royaume-Uni… et demain Paylib en France.

Pour transformer l’essai de la réussite de l’IP, quelques aspects doivent bien être appréhendés, notamment :

  • créer les cinématiques les plus appropriées (de l’enrôlement des clients à la commodité des usages et aux parcours clients les plus fluides possibles) ;
  • se doter d’un environnement pleinement interopérable où chaque acteur joue le jeu et y trouve son compte ;
  • assurer sécurité et confiance pour toutes les parties prenantes, notamment en matière de lutte contre la fraude et de gestion des litiges ;
  • mettre en place une communication homogène…

Par ailleurs se pose l’éternelle question du business model associé. Il importe pour les acteurs en lice de bien packager les services basés sur l’IP de sorte que le grand public, les professionnels et les entreprises y voient suffisamment d’intérêt pour les utiliser régulièrement mais aussi payer les frais et commissions éventuels.

Enfin, les services basés sur l’IP pourront également pallier la moindre pénétration ou efficacité de la carte dans certains contextes, par exemple : atteinte des plafonds ; règlements BtoB ; paiements de services et taxes publics ; salaires et remboursements de frais, etc. et quand l’immédiateté du paiement est un enjeu majeur.

Ils pourront aussi profiter du boom du mobile banking ou de l’arrivée d’agrégateurs ou initiateurs de paiement, en particulier dans les pays où la culture « virement » est forte.

Dès lors, on assistera en toute vraisemblance à une longue cohabitation entre la carte et les services d’Instant Payment, comme cela fut souvent le cas lorsque de nouveaux modes de paiement sont apparus au fil des décennies passées.

Cela conduira sans aucun doute à quelques frictions ou réflexions agitées (notamment tarifaires) sur les offres à émettre (côté bancaire) ou à accepter (côtés consommateurs, commerçants et entreprises) ainsi qu’à son lot de « trade-offs » quand il faudra, le moment venu, comparer les avantages de la carte ou de l’IP…

*Selon l’organisation UK Finance, ce chiffre devrait grimper à 24 milliards d’ici dix ans.

 

 

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Que s’est-il produit depuis la première publication en octobre 2017 ? Dans ce dossier nous revenons sur le phénomène des néo-banques, les évolutions et les points qui nous paraissent significatifs et porteurs de sens pour appréhender le présent et l’avenir…

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