NewsLetter Syrtals mars 2019

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Newsletter N° 21 - mars 2019

   Editorial

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Laurent ROUILLAC

PDG Syrtals SI

Les conditions de succès des nouveaux moyens de paiement

Le marché des moyens de paiement est en pleine effervescence. On assiste à un foisonnement d’innovations, d’initiatives et de réglementations qui bouleverse le marché. Une multitude de nouveaux services crée aujourd’hui une véritable émulation sur le marché.

Dans le même temps, le moyen de paiement est devenu un enjeu commercial. C’est désormais un produit qui doit être marketé et personnalisé selon les usages attendus, de manière fine pour rencontrer son public, aussi varié soit-il. Tout nouveau moyen de paiement doit être simple, sûr, pratique et facile à utiliser. Dans un environnement hyperconcurrentiel, où la fraude est très présente, il doit avoir la confiance du consommateur. Or tous n’apportent pas forcément une réelle valeur ajoutée par rapport aux moyens de paiement existants et ne suscitent pas l’adhésion du public. Et pourtant, initier un nouveau service de paiement coûte cher.

Il ne faut pas oublier que les usages et les comportements évoluent rapidement. L’heure est donc à l’analyse fine de ces comportements et des tendances. Tout l’enjeu est de s’assurer que l’offre de service est bien conforme aux attentes des consommateurs ciblés.

Dans ce marché bouillonnant, le travail d’études préalable permettra de bien identifier les catégories d’utilisateurs et leurs comportements à plusieurs facettes (familiale, déplacement, loisir, professionnel…).

Ce terrain d’innovations tend à bouleverser le paysage des acteurs du paiement. Tous cherchent à renforcer la relation client pour conserver et étendre leur périmètre.

Dans cette lutte, c’est la subtilité dans la pertinence des propositions de valeur qui détermine les succès et les échecs futurs dans un marché hyper riche en initiatives.

   Rubrique Evènement

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Thierry DINARD

Directeur du développement
commercial groupe & expert
financement

Retour sur l’atelier Syrtals du forum UNIVERSWIFTNET

Comme chaque année depuis sa création, SYRTALS a participé à la journée UNIVERSWIFTNET intitulée « Hello Goodbye » en référence au Brexit. L’atelier organisé par Syrtals portait sur le paiement instantané avec un focus sur la comparaison entre le programme FASTER PAYMENTS du Royaume-Uni (FPS) et le nouveau programme de virement instantané européen (SCT INST) en phase de déploiement en Europe. Voici un résumé les différents sujets exposés.

Les cas d’usage au Royaume-Uni du paiement instantané pour les entreprises ont été passés en revue. Alors qu’en 2008, le montant maximum était de 10 000 £, il est passé à 100 000 £ en septembre 2010, puis à 250 000 £ en octobre 2015.

Le paiement instantané a séduit les entreprises au Royaume-Uni pour 3 raisons :

  • Sa rapidité. Les assureurs ont été les premiers à se saisir de ce nouveau mode de paiement pour payer immédiatement les sinistres urgents, les facturiers pour rembourser des erreurs de paiements et calmer le client et les distributeurs pour gérer leur stock au plus près en organisant des livraisons du jour pour le lendemain),
  • Sa flexibilité (pour payer les salaires des employés en contrats hebdomadaires ou courts),
  • Sa garantie qui offre la certitude que les fonds sont arrivés et à quelle date exacte.

Sur les 3 types de virements de FPS (immédiats unitaires, permanents et différés), c’est ce dernier qui est utilisé par les entreprises en paiement B2C, avec un montant moyen de 2037 £ en 2018.

En mars 2018, FPS a ouvert son mode d’accès pour l’ouvrir aux établissements de paiement et de monnaie électronique grâce au modèle « directly connected non settling participant » qui a permis de porter à 31 le nombre de participants au programme.

 En Europe, l’actualité du SCT Inst, avec les dernières statistiques de STET et de EBA Clearing RT1 (100 000 transactions par jour) et le démarrage de la nouvelle chambre de compensation TIPS en novembre 2018 dont le mode de connexion comme Instructing party permet de relier les différentes chambres de compensation entre elles, pour assurer une atteignabilité totale des bénéficiaires dès 2020.

Les nouveaux modes de connectivité qui sont désormais possibles grâces aux API. FPS a introduit récemment un nouveau mode de remises bancaires par lequel les entreprises envoient par API leur remises de Faster Payments directement à FPS, sans passer par leur banque.

D’autres modèles se font jour en Europe, comme la possibilité de connecter l’ERP de l’entreprise à l’API d’une banque pour générer un virement instantané dès la conclusion d’une transaction commerciale (dénouement d’une opération de trade finance gérée en blockchain, paiement d’un chauffeur de VTC en même temps que le débit carte du passager est opéré, règlement de sinistres assurances, …).

On peut ainsi imaginer des modèles de communication bancaires complémentaires, ne passant plus par le modèle traditionnel de l’EDI SWIFT ou EBICS.

L’initiation de paiement, qui entre en vigueur le 14 septembre 2019. L’industrie financière britannique travaille déjà d’arrachepied sur le Request for Payment, qui pourrait grandement modifier les règlements en C2B, au détriment du SDD.

L’exposé a mis en exergue que l’appropriation de l’IP par les entreprises ne peut qu’accompagner une transformation digitale profonde de l’entreprise et non la précéder.

Nous avons conclu notre atelier sur le fait que ces nouvelles initiatives de SCT Inst, d’initiation de paiement et plus largement l’open banking contribueront à rendre la supply chain financière encore plus performante pour s’adapter aux mutations de l’activité commerciale et industrielle qu’elle sert.

Si vous souhaitez en savoir plus le support de l’atelier est disponible sur demande. tdinard@syrtals.com

   Rubrique Syrtals Cards

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Angelo CACI

DG Syrtals-Cards

Le vent de consolidation dans les paiements continue de souffler mais…

Dans un marché de la carte et des paiements électroniques en bonne santé avec plus de 500 milliards de transactions non-cash selon le World Payment Report, une croissance annuelle à deux chiffres et de nombreux réservoirs de croissance, le phénomène M&A n’a eu de cesse de s’accélérer. Ce sont ainsi des centaines d’opérations qui ont eu lieu au cours des dernières décennies et cela concerne toutes les typologies d’acteurs, comme les exemples suivants l’illustrent.

Tout d’abord, force est de constater que la consolidation s’est déjà bien opérée chez les industriels de la carte et des TPE : Gemalto (Gemplus + Axalto), désormais dans l’escarcelle de Thalès, et Idemia (Oberthur + Morpho) sont les coleaders mondiaux de la carte.

Ingenico, qui a racheté, entre autres, Moneyline, Sagem, Fujian Landi, Xiring ; et Verifone, qui a avalé notamment Lipman/Dione et Hypercom, sont au coude à coude.

Chez les éditeurs de logiciels où les acteurs sont encore légion, quelques firmes font office de consolidateurs : l’américain FIS (dont on reparlera plus loin) a fait une vingtaine d’acquisitions depuis 15 ans dans les services et le logiciel dont Kordoba, mFoundry, Clear2Pay, Reliance et SunGuard ; son confrère ACI Worldwide a réalisé une quinzaine de rachats dont S1, Retail Decision, Payon et tout récemment SpeedPay. Autre exemple, Finastra est né de la fusion de Mysis et D+H qui avaient chacun résulté de nombreux rachats et fusions.

Chez certains acteurs spécialisés, notamment dans le corporate payment, les fuel cards et le prépayé, les deux leaders américains FleetCor et WEX ont fait feu de tout bois pour asseoir leur suprématie mondiale, suivis par les Français Edenred et Sodexo qui ont réalisé de nombreuses acquisitions en Europe et en Amérique latine.

Côté Processeurs et PSP, au-delà des acteurs intervenant essentiellement au plan national, on observe une course à la taille, notamment chez certains prestataires américains et européens, dont les suivants :

  • Worldline: né dans le giron d’Atos, lui-même fruit de la fusion des deux processeurs monétiques historiques français Sligos et Axime, a notamment acquis Banksys, Venture Infotek, Equens, les actifs de First Data dans les pays baltes, Digital River Payments et enfin SIX Payments, ce qui lui confère à date un chiffre d’affaires total d’environ 2,4 milliards d’euros et une valorisation de près de 10 milliards d’euros.
  • Nets, N° 1 incontesté en Scandinavie, a changé plusieurs fois de mains (compagnie interbancaire, rachat par Advent, IPO puis rachat par le fonds Hellman & Friedman pour 5,3 milliards de dollars) et poursuit son offensive par l’acquisition récente de Concardis (premier acquéreur de cartes de crédit allemand) et du PSP polonais Dotpay.
  • Le mariage de l’Anglais Worldpay (ex RBS, puis Advent, puis IPO) avec l’Américain Vantiv les a propulsés au rang de N° 1 mondial jusqu’à ce que FIS annonce le 18 mars dernier la fusion avec le nouveau Worldpay dans un deal à 43 milliards de dollars !
  • L’Anglo-Canadien Paysafe, désormais dans le giron des fonds CVC et Blackstone, est le résultat de plusieurs fusions dont Neteller, Netbanx, Optimal Payments, Skrill, Paysafecard…
  • Le premier processeur italien SIA est aussi le résultat de la fusion successive de plusieurs entités détenues par les banques transalpines. À l’étranger, SIA a racheté le Hongrois GBC et, plus récemment, les actifs de First Data dans plusieurs pays européens.
  • Les autres Américains First Data, TSYS, Global Payments, et dans une moindre mesure EVO Payments, ont dépensé quelques sommes rondelettes pour consolider leurs positions nationales et/ou accroître leur emprise sur d’autres territoires dont l’Europe. Ironie de l’histoire, First Data, qui avait coutume de tout rafler ou presque dans les années quatre-vingt-dix, vient de convoler en justes noces avec son confrère Fiserv dans une opération à 22 milliards de dollars.

D’autres Américains sont aussi offensifs en matière de M&A. Citons les cards schemes Visa et Mastercard, valorisés respectivement 330 et 230 milliards de dollars qui ont opéré plusieurs rachats, essentiellement dans le processing/services (Cybersource, Playspan, Fraedom, Cardinal Commerce, Paidy… pour le premier ; Datacash, Truaxis, Electracard, Provus, Trevica, APT, NuData, Ethoca… pour le second) et qui se « disputent » certaines cibles afin de diversifier leurs activités. Earthport (paiements internationaux) en est le dernier exemple et a finalement rejoint Visa, tandis que Mastercard, qui avait déjà acheté le Britannique Vocalink (ACH, virements instantanés), vient de se rabattre sur Transfast.

Paypal, quant à lui, a fait plus de 15 acquisitions dont Braintree, Venmo, Paydiant, Xoom et plus récemment Hyperwallet et iZettle, ce dernier spécialiste du mPos pour la bagatelle de 2,2 milliards de dollars.

Les Chinois ne sont pas en reste et en particulier le bras armé d’Alibaba et plus grosse Fintech mondiale, Ant Financial, qui a racheté ou investi dans nombre de sociétés. Après avoir « raté » Moneygram, il s’est emparé récemment de Worldfirst.

Il est intéressant de noter qu’Ingenico et dans une moindre mesure Verifone ont souhaité, au travers de rachats ciblés (Easycash, Ogone, Global Collect, Bambora chez le Français ; Point, Intercard chez l’Américain) gravir les échelons et accroître leur chiffre d’affaires au-delà du « hard » vers les services et le processing.

On pourra aussi remarquer que de nombreuses banques ont vendu au fil des ans leurs filiales détenues en solo ou avec leurs pairs (Banksys, GZS, Setefi, ICBPI, Luottokunta, POS Transact, eService, Concardis, B+S…) et que, outre les industriels, les fonds d’investissement ont été et sont encore particulièrement actifs (KKR, Advent International, Bain, CVC…) et tour à tour consolident, revendent ou introduisent en Bourse. Verifone a été racheté par Francisco Partners en 2018.

Malgré cette tendance à la consolidation qui va se poursuivre sans l’ombre d’un doute, on peut aussi constater le nombre incalculable de jeunes pousses et entreprises qui pullulent encore dans les services de paiement. Rien qu’en Europe, ce sont des milliers d’établissements de paiement et de monnaie électronique qui ont vu le jour en l’espace de 10 ans et qui se frottent aux acteurs historiques et aux mastodontes ; parfois avec une réussite insolente. En attestent les valorisations « extravagantes » de certains prestataires devenus des stars dans leurs domaines respectifs tels que Square (32 milliards de dollars), Adyen et Stripe (20 milliards de dollars), Wirecard (16 milliards d’euros)…

Dès lors, sans surprise, les gros vont continuer à se dévorer ou manger les moyens qui vont avaler les petits…

En France, nous avons assisté à quelques opérations intéressantes mais de moindre envergure, notamment de la part de banques : Compte Nickel par BNP Paribas ; Treezor par SG ; Dalenys, PayPlug, LePotCommun… par Natixis/BPCE qui a défrayé la chronique pendant quelques mois quand des rumeurs ont fait état d’un rapprochement éventuel avec Ingenico ; Arkea, qui soit dit en passant possède le processeur Monext, a notamment acquis Leetchi/Mangopay et Pumpkin.

Face à une concurrence accrue, les banques françaises se « consolent » en affichant des volumes de transactions qui restent plus qu’honorables, mais elles vont continuer à pêcher sur la scène internationale. Aussi, aujourd’hui ou demain se posera sans nul doute la question de leur rôle et de leur poids : céder et valoriser leurs actifs « paiement » ; sceller d’autres alliances comme elles l’ont déjà fait (ex : Transactis, Partecis ou récemment le partenariat annoncé entre Wirecard et Crédit Agricole) ; ou bien effectuer certaines acquisitions…, sachant qu’elles ne devraient pas être en mesure de courtiser des acteurs dont la valorisation atteint des niveaux très élevés.

Ainsi, vu le nombre conséquent d’acteurs en lice dans l’arène des paiements, les occasions ne vont pas manquer pour les plus riches ou audacieux afin de continuer à grossir. MAIS, il reste aussi de la place pour des acteurs de moindre taille, plus agiles et innovants, qui pourraient astucieusement se développer rapidement sur un certain périmètre et, qui sait, faire de l’ombre à des acteurs devenus des paquebots ou des usines « incontrôlables »…

RDV dans quelques années pour s’en apercevoir !  

   Rubrique Fraude

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Olivia BERNANOSE

Directrice d’activité
Moyens de paiement

Entre hyperconnectivité et immédiateté, comment gérer le risque de fraude sur le paiement international ?

 Les paiements à l’international, notamment pour les particuliers, représentent un volume colossal d’utilisateurs avec principalement Wechat et Facebook. Rappelons que Facebook cumule mensuellement des millions d’utilisateurs interconnectés et actifs via ses applications WhatsApp (1,5 milliard d’utilisateurs), Messenger (1,3 milliard) ou Instagram (1 milliard). En parallèle, des avancées voient le jour sur les paiements internationaux. Le plafond du paiement instantané vient de passer à 100 000 euros. La technologie blockchain entre en force dans le bal de la sécurisation des paiements internationaux digitaux. Les acteurs du web investissent dans cette technologie, comme l’a démontré récemment Facebook en annonçant son projet de cryptomonnaie. L’offre « Facebook Coin » visera principalement les paiements et les transferts de monnaie via les messageries WhatsApp et Messenger, ouvrant des perspectives sur d’autres marchés, notamment les entreprises.

Cependant, ces opportunités s’insèrent dans un contexte de suspicion et de crainte de vol massif ou d’exploitation de données. En 2018, Symantec a évalué à 4 800 le nombre de sites web compromis dans le monde chaque mois et à 3,7 millions le nombre d‘attaques arrêtées. Toutes les études récentes alertent sur la vulnérabilité des objets connectés et flotte de mobiles. Ainsi, de nombreuses formes de menaces pèsent sur l’écosystème des paiements. Le « formjacking », ou usurpation de formulaire, bat son plein sur les sites web e-commerce. Les cryptomonnaies sont aussi détournées par des attaques du type cryptojacking très rentable. Les menaces sont bien présentes comme le soulignent les autorités. L’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) a annoncé en janvier qu’elle redoutait un « Cyber-Pearl Harbour ». Les cyberattaquants possèdent des moyens colossaux, pour mener leurs attaques, certainement avec le soutien d’acteurs économiques ou États. Les objets connectés sont utilisés comme machine zombie. Même les espaces cloud peuvent être violés. L’annuaire central de l’Internet, ou ICANN, craint pour l’essentiel des attaques visant à substituer les adresses des serveurs autorisés par des adresses détournées reliées à des machines sous le contrôle de cyberattaquants, leur permettant ainsi de récupérer de nombreuses données types mots de passe, adresses mail, coordonnées bancaires.

Ces utilisateurs et objets interconnectés sont à l’évidence une cible privilégiée des fraudeurs, qui peuvent être aussi visés dans un but de sabotage, voire de guerre économico-politique. Les parades passeront par le renforcement de l’authentification, combinant intelligence artificielle et sécurisation des objets et équipements Télécom connectés. Les opérateurs Télécom ont bien compris les dangers de l’hyperconnectivité et de l’immédiateté et investissent dans la cybersécurité, en s’alliant ou rachetant des acteurs phares. Orange a montré la voie en acquérant Secure Data récemment. L’univers du cyber demeure encore à explorer et à fiabiliser. Les nouvelles attaques agiront tels les virus mutants sachant se propager avec une vélocité surprenante, comme l’a démontré, dès 2017, Emotet, un virus évolutif, en attaquant les banques. Responsabilité, Vigilance et Humilité sont donc les qualités incontournables à intégrer dans la construction des offres de paiement à l’international, pour anticiper les fraudes et les attaques.

   Rubrique Syrtals Compliance

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Bruno JOANIDES

DG Syrtals Compliance

Les nouveaux modes de paiement et la clientèle de la zone Asie-Pacifique

En 2017, les touristes chinois à Paris consacraient plus de 30 % de leurs dépenses au shopping pour un panier moyen de 3 400 euros. Alors que la France souhaite attirer plus de 5 millions de touristes chinois par an d’ici l’année prochaine, l’adaptation des modes de paiement à cette clientèle est un enjeu crucial pour que les marchands puissent les retenir.

D’après le rapport Asia-Pacific Online Payment Methods 2019, 50 % des paiements en ligne de la zone Asie-Pacifique se font aujourd’hui au travers de moyens de paiement alternatifs, alors que la carte bancaire reste l’instrument préféré au Japon et que l’Indonésie et la Thaïlande ont un penchant marqué pour les virements. Parmi ces moyens alternatifs, deux d’entre eux ont fait une entrée remarquable en Europe : Wechat et Alipay.

Pour célébrer le Nouvel an chinois, la filiale de Tencent, WeChat, franchissait en effet le cap du milliard d’utilisateurs pour des volumes de paiement dépassant eux-mêmes allègrement le milliard d’euros. Son activité en France s’est considérablement développée et les Galeries Lafayette proposent d’ailleurs maintenant ce mode de paiement à sa clientèle. De même, Alipay, la solution de paiement du géant Alibaba, s’attachait sur la dernière année à conquérir massivement le marché français en multipliant les partenariats. Toutefois, Wechat et Alipay ne sont pas les seuls moyens de paiement alternatifs appréciés par la clientèle asiatique. Dans un contexte de croissance des paiements en ligne et d’afflux de capitaux vers les Fintechs, la concurrence sur le marché des paiements se durcit et de nouveaux acteurs se démarquent comme Kakao Pay, Line Pay ou encore PayTm… D’autres entreprises, moins connues, font doucement leur entrée sur le marché européen comme la Taïwanaise Insto.

La capacité des marchands français à s’adapter pour proposer à leur clientèle le panel le plus large de moyens de paiement est primordial pour qu’ils puissent décliner la meilleure expérience client et obtenir les meilleurs taux de conversion. Il convient donc pour eux de mettre en place une stratégie de veille afin de suivre les modes de règlement les plus utilisés par chaque segment de leur clientèle.

Au-delà de l’UX, c’est aussi l’assurance d’être payé. En effet, l’Autorité bancaire européenne a refusé le SMS OTP comme mode d’authentification forte au sens de la DSP2 et le risque de chargeback est présent puisque ce mode restera largement utilisé après le 14 septembre 2019 à en croire le GIE CB. A contrario, ces moyens de paiement présentent donc un avantage certain par rapport au paiement par carte bancaire en ligne puisqu’ils utilisent des méthodes à deux facteurs. Fini les chargeback ! Le client est pleinement authentifié grâce à la biométrie. S’emparer de ces nouveaux outils, c’est donc également sécuriser les paiements, améliorer ses taux de conversion et adresser une clientèle qui monte en puissance en Europe.

   Rubrique Trade Finance

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Martine GRAFF

Directrice d'activité

Blockchain : SWIFT franchit une nouvelle étape

SWIFT a annoncé le 30 janvier qu’elle intègre la plateforme blockchain Corda enterprise –développée par R3 – à sa nouvelle norme de paiement Global Payments Innovation (GPI), un service lancé depuis deux ans afin d’améliorer la rapidité des transferts frontaliers. Un Proof of Concept (POC) sera prochainement lancé par SWIFT sur Corda de R3 afin de permettre à toutes les nouvelles plateformes de transactions s’appuyant sur cette blockchain de bénéficier de règlements rapides et transparents.

SWIFT s’associe à R3 pour lancer GPI Link et prévoit ainsi de poursuivre son expansion. Le partenariat avec la firme américaine R3 permettra de connecter l’infrastructure (GPI) à la plateforme blockchain Corda. La passerelle donnera la possibilité de surveiller et de contrôler en continu les flux de paiement et les mouvements de marchandises, tout en assurant l’intégration et la prise en charge d’API, ainsi que des normes SWIFT et ISO.

R3 a lancé une solution baptisée Corda Settler utilisant XRP et visant à faciliter les paiements sur sa plateforme blockchain Corda. Ripple détient 60 % de XRP.

La plateforme Corda a été adoptée par de nombreux écosystèmes transactionnels, c’est donc tout naturellement que SWIFT l’a choisie.

Les utilisateurs de la plateforme Corda de R3 pourront autoriser les paiements via GPI Link, régler les paiements GPI avec les banques utilisatrices. Des interfaces de programmation d’application (API), ainsi que les normes SWIFT et ISO seront également prévus.

Pour SWIFT, « le but est d’apporter les avantages des paiements GPI – rapidité, ubiquité et certitude – aux transactions s’appuyant sur la technologie des registres distribués (DLT) ».

   Dossier – Interview de Régis FOLBAUM

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Régis FOLBAUM

Directeur des Paiements de La Banque Postale
Régis Folbaum, Directeur des Paiements de La Banque Postale présente sa vision du paiement,  les prochaines innovations prévues par La Banque Postale et explique comment elle se prépare à l’arrivée des RTS.

 

1 – Quelle est votre vision du monde du paiement ?

 Nous devons livrer à nos clients, consommateurs et concitoyens des moyens de paiement qui soient rapides sécurisés et faciles à utiliser… le tout dans un écosystème en rupture avec l’internationalisation des acteurs, la digitalisation, la dématérialisation, le poids croissant des Fintechs dans les paiements et la remise en cause des solutions et des modèles d’affaires traditionnels. De plus, au-delà de la sécurité et de la facilité d’usage, on doit s’assurer du bon niveau d’acceptation des nouveaux moyens de paiement.

La tendance actuelle est l’instantanéité. Or le temps réel coûte cher à financer, à maintenir et à suivre au quotidien… et ce d’autant plus qu’il faut garantir la qualité de service, la sécurité et la facilité d’usage.

Les enjeux aujourd’hui sont multiples, mais le premier est le financement des infrastructures et des plateformes de paiement. Cela suppose qu’il y ait un business model existant, or ce n’est pas toujours le cas, y compris pour les initiatives poussées par la BCE autour de l’Instant Payment (IP) par exemple. Pour réduire les coûts unitaires, il nous faut avoir des volumes importants. C’est le cas sur la carte, sur le SCT, le SDD, mais pas encore sur l’IP. Dans cette logique-là, La Banque Postale s’est engagée depuis plusieurs années dans la mutualisation de ses plateformes. Nous le faisons avec la Société Générale au sein de notre JV Transactis. Cette mutualisation nous a permis d’accélérer nos délais de mise en marché tout en maintenant des coûts de « build » et de « run » modérés. Après la monétique, nous sommes maintenant engagés sur les paiements, nous avons étendu notre partenariat au SCT et au SDD et c’est sur cette base-là que nous avons une plateforme commune pour l’IP.

Évidemment, quand on parle de « run » il n’y a pas que l’informatique, il y a également du middle et du back office. Aussi, La Banque Postale est engagée dans un programme d’optimisation de ses processus.

Enfin, il faut savoir se prémunir dans la lutte contre la fraude avec de nouveaux scénarios qui peuvent arriver. Sur ces questions-là, nous faisons appel au « Machine Learning » et à l’Intelligence Artificielle.

 

2 – Comment La Banque Postale se distingue-t-elle des autres banques en matière de paiement ?

À La Banque Postale nous avons une vision « banque & citoyenne » des paiements. Nous avons un côté très « terrain » considérant que nous devons équiper tous nos clients, y compris les plus fragiles, parfois en rupture digitale, voire en pré-inclusion bancaire avec une très forte dépendance aux espèces (nous délivrons ainsi beaucoup d’espèces au guichet). Et de l’autre côté, nous avons tout d’une grande banque, que ce soit dans les programmes communautaires français, comme Paylib, ou d’autres innovations comme le lancement de notre établissement de paiement et de monnaie électronique eZyness.

De fait, nous couvrons tout le spectre, allant des espèces au portefeuille numérique, et ce tant pour les particuliers que pour les personnes morales.

 

3 – Quelles prochaines innovations prévoyez-vous pour 2019/2020 ?

 Les innovations de 2019 seront articulées autour de quatre axes. Premièrement, l’immédiateté avec le lancement de l’Instant Payment à l’émission, y compris au sein de Paylib entre amis. Deuxièmement, ApplePay qui vient juste d’être lancé. Troisièmement, tout ce qui est lié au self-service avec le lancement de Perso Carte qui permet au client de personnaliser l’usage de sa carte. Et enfin, tout ce que nous allons développer autour de l’encaissement pour compte de tiers, du « Pin on glass » et des nouveaux moyens de paiement digitaux type Alipay qui sont logés au sein de notre filiale eZyness.

 

 4 – Comment La Banque Postale se prépare-t-elle à l’arrivée des « normes techniques de réglementations » (RTS) de la DSP2 en septembre 2019 ?

Les RTS ont été publiées en mars 2018, mais les règles relatives à la mise en place des API et de l’Authentification Forte (AF) n’ont vraiment été stabilisées qu’en juillet 2018. La Banque Postale a été moteur au sein du groupe API du CNPS sur les travaux du « redirect » fluide entre les banques et les Fintechs. Le standard API STET a été publié en septembre 2018.

S’agissant de l’AF, nous avons déterminé les solutions à déployer et travaillons activement à l’équipement de ses clients. La Banque Postale proposera l’AF à la première connexion puis tous les 90 jours en septembre 2019. Pour le canal API permettant l’accès aux comptes de paiement, La Banque Postale est en cours de mise en œuvre de son « API manager » et de ses trois API réglementaires et nous venons de mettre à disposition des développeurs notre « bac à sable ».

De manière concomitante, nous expérimentons notre API consultation de comptes avec une Fintech. Ces travaux restent cependant techniquement complexes à mener du fait de la taille des SI à faire évoluer dans une période où La Banque Postale à fait le choix de transformer ses usines de paiements.

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