NewsLetter Syrtals décembre 2019

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Newsletter N° 24 - décembre 2019

   Editorial

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Laurent ROUILLAC

PDG Syrtals SI

Cycle vertueux

Le réglementaire, la technologie et les offres constituent un ensemble qui interagit constamment. Le premier impose des contraintes dont la technologie et les offres se saisissent pour concevoir une nouvelle activité, un nouveau service, chacun se positionnant par rapport à l’autre. Cet ensemble crée un mouvement perpétuel qui engendre un cercle vertueux, un ensemble de cause à effet qui améliore le système et permet des ruptures technologiques.

En effet, de la contrainte convoque la technologie qui, en répondant, permet d’offrir des produits et services plus attractifs. Le règlementaire oblige à de petites et parfois grandes évolutions qui ne sont pas atteignables avec les techniques anciennes

La question des offres doit systématiquement être étudiée dans ces deux éléments de contexte.

Le cas des DSP qui ont embarqué l’XML ISO 20022 ont aussi ouvert les esprits sur la richesse des données véhiculées et stockées.

Les technologies de performance (réseau stockage), les API, l’IA etc. ont rendu possible des mises en marché de services remarquables qui sinon seraient restés dans les cartons encore des années.

Ces technologies sans la triple approche existaient souvent depuis longtemps sans produire aucune valeur dans nos métiers.

Ensemble, autour du réglementaire et de la technologie, nous inventons un cycle d’évolution porteur de sens dont la valeur ajoutée est appréciée quelle que soit la clientèle.

En vous encourageant à prendre part à ce cercle vertueux, nous vous souhaitons d’excellentes fêtes de fin d’année !

   Rubrique Gestion du risque de fraude

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Olivia BERNANOSE

Directrice d’activité Moyens de paiement

IBAN virtuel ou facilitateur de l’encaissement par virement

En 2000, le paiement sur internet commençait à s’appuyer sur des numéros de carte virtuelle. Quinze ans après, la gamme virements décline sa version virtuelle avec le virtual account ou IBAN virtuel. Aujourd’hui, la virtualisation de l’IBAN gagne du terrain sur le marché digital des paiements. Des Fintech européennes telles qu’IBAN First, TrustPay, Banq24 ou Banking Circle ont investi ce marché de niche. Elles ne sont pas les seules, la BNPP est pionnière sur le sujet. D’autres banques suivent ses pas et vont proposer des offres à leur clientèle Corporate.

Quelles sont les forces de ce service innovant ? L’IBAN virtuel est un facilitateur et un centralisateur des paiements pour les entreprises. Sa virtualité présente trois points forts : gestion du risque maîtrisée, réconciliation et cash pooling automatisés. Il permet entre autres d’identifier sans équivoque un paiement en automatisant son rapprochement. L’émetteur du paiement et le bénéficiaire final sont identifiables sans ambiguïté. Les fonds reçus sont crédités automatiquement sur le compte physique de l’entreprise. La donnée IBAN virtuel est restituée dans les relevés de compte via les libellés/tags/balises dédiés, selon le format de restitution retenu par le Corporate. Comme le principe de la carte virtuelle, la plage d’IBAN virtuel est associée à un compte physique, sur lequel seront centralisés les encaissements quel que soit l’IBAN virtuel utilisé dans la plage. Le Corporate peut aussi attribuer une sous-plage d’IBAN virtuel à un département ou filiale de son groupe. Ainsi est rationalisée la gestion des IBAN pour l’ensemble du groupe, voire réduire l’usage à un seul IBAN physique.

Quels sont les principaux impacts pour l’encaissement par IBAN virtuel ? La banque ou l’établissement de paiement gère l’attribution de la plage d’IBAN virtuel en l’associant à un compte physique rattaché à l’entreprise cliente. L’entreprise transmet les IBAN virtuels à ses clients payeurs par exemple via les factures. L’entreprise gère la plage d’IBAN, contrôle le cycle de vie de l’IBAN virtuel, notamment l’attribution à un dossier/vente ou une entité en particulier sur les aspects première émission, fermeture et recyclage. L’entreprise via son ERP définit les règles de réconciliation/rapprochement bancaire à partir des données IBAN virtuel restituées dans les relevés de compte.

Les offres actuelles ciblent le marché encaissement et s’appliquent à la famille virement SEPA et SWIFT. Prochainement des offres se déclineront sur le paiement instantané. L’IBAN virtuel ouvre de nombreuses opportunités d’offres de service tout digital. Il viendra renforcer et sécuriser les solutions web d’encaissement, intégrant bons de commandes et factures digitalisés portant le numéro d’IBAN virtuel. D’autres pistes restent encore à creuser sur des offres en émission, notamment pour gérer le risque des transferts de fonds. Pour les clients en attente de solution fluide, le règlement par virtual account combiné au Request Pay ou initiation de paiement comptera dans les prochaines innovations, l’IBAN virtuel alliant intelligemment flexibilité, simplicité et sécurité.

   Rubrique Cash management

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Thierry DINARD

Directeur du développement
commercial groupe & expert
financement

La migration ISO 20022

Article co-signé par Jean-Luc Bondu, Directeur de projets

Le standard ISO 20022 a été introduit en 2004 par l’Organisation Internationale de Normalisation (ISO) pour doter l’industrie des paiements d’un corpus standardisé de règles tenant compte de la syntaxe XML (eXtensible Markup Language).

Sur ce standard, l’initiative européenne a permis une meilleure intégration des virements et des prélèvements sur la zone SEPA, là où s’opposait un format différent dans chaque pays.

Aujourd’hui, le périmètre de la migration ISO 20022 s’intensifie toujours afin de faire bénéficier l’industrie des paiements des avantages suivants :

  • facilité accrue du routage des paiements,
  • plus grande transparence et richesse des données véhiculées,
  • plus grande facilité d’analyse des paiements dans la lutte de la fraude, avec moins d’intervention back office, ce qui permet une augmentation du ratio « Straigh-through processing » (STP),
  • suivi des paiements plus précis pour les entreprises avec une synchronisation comptable automatique facilitée (avec l’exploitation des restitutions bancaires Cash Management – Camt).

 

 

En Europe, la Banque Centrale Européenne a choisi l’ISO 20022 dans le cadre de l’évolution des plateformes TARGET RTGS et TARGET2-Securities. Ce qui amène une migration des messages SWIFT MT1xx, MT2xx, MT9xx pour novembre 2021.

La Banque d’Angleterre a adopté l’ISO 20022 pour son nouveau système à règlement brut en temps réel avec un Go-live en 2022.

En ce qui concerne la zone du dollar américain, le système RTGS Fedwire s’est engagé dans la migration ISO 20022. Toutefois, contrairement à l’approche « BIG BANG » qui sera suivie sur la zone Euro, une implémentation par phase est planifiée avec, en première étape, une migration des données existantes dans le nouveau format ISO 20022 sans enrichissement, puis, lorsque toute la communauté bancaire sera prête, en seconde étape l’adoption du plein potentiel de la nouvelle norme.

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Philippe LEGENDRE

Directeur d'activité

Swift GPI : une nouvelle ère dans les paiements transfrontaliers ?

De nouveaux acteurs proposant des solutions innovantes ont mis à rude épreuve la position leader de Swift et des banques. Le modèle du « correspondent banking » a été remis en cause.

Pour répondre à la menace des nouveaux entrants, Swift, en collaboration avec les banques, a lancé, en 2017, le projet Swift GPI (Global Payment Innovation).

Aujourd’hui, nous assistons à une profonde transformation du monde des paiements, qui connaît une étonnante accélération. L’équivalent de 300 milliards de dollars s’échangent quotidiennement via Swift GPI. 450 banques à travers le monde ont signé l’engagement d’adoption Swift GPI et 125 banques sont « live » pour au moins une devise et un pays.

Swift GPI permet à la banque d’offrir à ses clients la meilleure expérience en matière de suivi et de gestion de leurs paiements transfrontaliers.

Quatre principes fondamentaux ont guidé cette initiative :

– la rapidité dans le traitement des opérations,

– la traçabilité de bout en bout de chaque paiement, en temps réel,

– la transparence des frais associés et du taux de change,

– la transmission sans altération du motif de paiement fourni par le client.

L’initiative GPI de Swift est basée sur un ensemble de règles de bonne conduite définies dans les accords multilatéraux de niveau de service (SLA) signés par les banques lors de leur adhésion. En signant ces accords, les banques s’engagent à respecter un certain niveau de service défini dans le rulebook.

L’objectif est d’en faire une norme pour tous les paiements internationaux d’ici fin 2020.

Les obligations majeures concernent la réduction des délais de traitement interne, la transparence sur les frais et la transmission intégrant des références de paiement.

Le tracker permet aux banques de savoir exactement où en sont le paiement et les frais qui ont été pris par chaque intervenant de la chaîne. Ceci représente une étape importante dans la mise en correspondance bancaire, reliant efficacement toutes les parties dans la chaîne de paiement de l’écosystème bancaire.

Une fois le message de paiement émis, il appartient aux banques intermédiaires et/ou correspondantes de mettre à jour le tracker par MT199 ou API. De fait, les banques de la chaîne émettent des messages destinés aux autres banques mais également au tracker lui-même pour mettre à jour le statut du paiement. La banque du bénéficiaire doit, quant à elle, informer le tracker du crédit effectif sur le compte du bénéficiaire ou de la mise en attente de l’écriture selon la solution qu’elles ont choisie, elles peuvent également offrir à leur clientèle entreprise ce moyen de suivi.

L’offre GPI de Swift poursuit l’objectif d’une parfaite correspondance entre la date de valeur au débit chez l’émetteur et celle au crédit chez le bénéficiaire. Les fonds sont donc crédités au bénéficiaire final le jour même de l’émission du paiement et ce quelle que soit la devise.

Avec GPI, les données de réconciliation incluses dans les messages de paiement sont garanties sans modification, lorsqu’elles parviennent au bénéficiaire final, dans la limite de 140 caractères. Il s’agit d’une réelle valeur ajoutée pour les entreprises, en ce qu’il permet un gain de temps considérable sur les enquêtes.

La fonctionnalité est supportée par deux nouveaux champs :

–           Unique GPI End-to-end Transaction Référence (UETR),

–           Service Type identifier.

La release Swift de novembre 2018 exige que tout utilisateur Swift, y compris les membres non GPI, ajoute et transmette un UETR afin d’assurer le suivi du paiement de bout en bout.

Le reporting mis à disposition des entreprises par les banques a été adapté (relevés de compte, PSR, relevés d’opérations). Les adaptations de ces relevés constituent une part importante de l’offre GPI des banques. Avec une restitution GPI performante (en particulier l’offre PSR GPI), les clients sont en mesure de suivre leurs virements transfrontaliers en toute autonomie, sans avoir à solliciter les services après-vente dans les banques réduisant ainsi la charge de leurs middle et back office, tout en améliorant la satisfaction des clients.

En signant le SLA, les banques GPI s’engagent à garantir une certaine vitesse des paiements. Aujourd’hui, environ 50 % des paiements GPI sont crédités aux bénéficiaires finaux dans les 30 minutes et 95 % dans les 24 heures.

Swift GPI ne constitue pas une révolution dans le monde des paiements, mais à travers les nouvelles règles établies dans son SLA, Swift réalise un grand pas dans l’amélioration du parcours client et répond avec succès aux attentes de la communauté financière.

Swift joue ainsi sur l’amélioration continue de son offre pour maintenir sa position de leader.

   Rubrique Syrtals Compliance

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Bruno JOANIDES

DG Syrtals Compliance

Lanceur d’alerte : siffler sans fausse note 

Les lanceurs d’alerte sont ces salariés qui révèlent ou signalent, de manière désintéressée et de bonne foi, les crimes, délits et autres actes portant atteinte à l’intérêt général commis par leur entreprise. La législation pourtant censée les prémunir des licenciements et représailles reste lacunaire. Les États conscients de ce problème et malgré les avancées certaines continuent d’ajuster le cadre législatif pour que celui-ci devienne de plus en plus protecteur sans pour autant écarter la protection des entreprises visées, victimes parfois de salariés « revanchards ».

Alors comment trouver un équilibre entre, d’une part, la protection de la personne morale et, d’autre part, la protection du lanceur d’alerte ? Cette problématique est préoccupante car certaines révélations des lanceurs d’alerte ont fait chuter des entreprises multinationales et pu ainsi impacter des États.

La directive européenne sur la « Protection des personnes dénonçant les infractions au droit de l’Union » permet d’enfreindre le secret professionnel et impose une protection renforcée et harmonisée des lanceurs d’alerte au sein de l’Union. Elle tend à instaurer un nouvel équilibre entre intérêts privés et intérêt général en affirmant de nouveaux droits, mais aussi obligations, pour les lanceurs d’alertes eux-mêmes, les sociétés des secteurs privé et public ainsi que les États membres.

En toute logique, aucune protection n’est accordée pour le signalement d’informations qui sont déjà entièrement disponibles dans le domaine public, des rumeurs ou propos non fondés, et bien évidemment sont également hors protection les acteurs ayant sciemment signalé ou divulgué publiquement de fausses informations.

La protection est cependant conditionnée au respect d’une procédure spécifique. En effet, l’auteur du signalement doit agir de manière désintéressée et être de bonne foi. Il doit aussi respecter obligatoirement le processus gradué de signalement et avoir des informations de manière licite portant sur l’un des domaines visés par le droit de l’Union.

Différents canaux de communication sont prévus par la directive. Concernant la hiérarchie de ces canaux, le Conseil de l’Union européenne est clair dans sa communication du 7 octobre 2019 : les lanceurs d’alerte doivent obligatoirement utiliser en premier lieu les canaux internes à leur organisation, avant de se tourner vers des canaux externes et alternatifs que les autorités publiques ont pu prévoir à cet effet. Cette hiérarchie est également instaurée par la loi Sapin II.

Le lanceur d’alerte doit saisir en premier lieu la voie interne, c’est-à-dire tout supérieur hiérarchique direct ou indirect, l’employeur ou le référent désigné par l’employeur.

En second lieu, le recours direct aux canaux de signalement externe est le premier niveau d’exception. Ce signalement est permis lorsque le lanceur d’alerte a des raisons de croire que l’alerte interne engendrerait des représailles ou que les autorités seront les mieux placées pour prendre des mesures, notamment urgentes, afin de faire cesser la violation signalée.

Deux cas sont prévus pour le recours au signalement externe : soit après l’utilisation du canal interne, soit directement auprès des autorités compétentes, si le canal interne présente des dangers pour la personne souhaitant procéder à un signalement ou il s’avère que le processus interne sera inefficace pour stopper la violation.

Enfin, la directive définit la divulgation publique comme la « mise à disposition dans la sphère publique d’informations sur des violations ». Pour réaliser une divulgation publique, l’une des deux conditions doit être remplie, soit l’alerte interne/externe est demeurée vaine, soit l’informateur avait des motifs raisonnables.

Une connaissance des moyens disponibles est donc un prérequis indispensable au lanceur d’alerte démontrant que l’action doit être réfléchie et préparée au risque de se révéler vaine.

L’affaire Tefal est un exemple concret qui montre l’importance de la hiérarchie des canaux de signalement. Laura Pfeiffer, inspectrice du travail est accusée d’avoir rendu public des documents confidentiels de l’entreprise Tefal. Elle est accusée de violation du secret professionnel et recel des documents confidentiels. Suite à sa condamnation par la cour d’appel de Chambéry en décembre 2015, elle saisit la Cour de cassation en alléguant qu’elle avait agi comme lanceuse d’alerte afin de signaler un délit, en l’occurrence la tentative de Tefal de faire obstacle à l’exercice de ses fonctions, avec la complicité de son supérieur hiérarchique.

La Cour de cassation annule la décision qui condamne l’inspectrice du travail et demande que l’affaire soit rejugée au regard de la loi Sapin II. Les juges du quai de l’Horloge font une application rétroactive de la loi pénale plus douce. En effet, la commission des faits était intervenue avant l’entrée en vigueur de la loi Sapin II et, en vertu du principe de rétroactivité in mitius, l’affaire est jugée au regard de la loi Sapin II. Malgré cela, la cour d’appel de Lyon condamne à nouveau Laura Pfeiffer pour violation du secret professionnel qu’elle était tenue de respecter.

Les motifs donnant lieu à sa condamnation sont très révélateurs d’une nécessité d’appliquer les critères liés à la déclaration de manière stricte, ils sont d’une part la remise de correspondances à sept syndicats, qui ont ensuite été divulguées dans le journal LHumanité. Les juges du fond estiment qu’elle aurait pu saisir le parquet et que rien ne l’obligeait à se comporter de la sorte, initiative faite après la révélation dans la presse.

D’autre part, les magistrats estiment que Laura Pfeiffer n’est pas fondée à se prévaloir de la qualité de lanceuse d’alerte puisqu’elle n’a pas respecté la procédure graduée. Elle aurait dû vérifier la véracité des éléments portés à sa connaissance avant de rendre public l’objet de l’alerte.

Enfin, il ne peut être considéré qu’elle avait agi de manière désintéressée, dans la mesure où sa démarche concernait sa situation personnelle et ses rapports conflictuels avec sa direction.

On se rend compte de l’existence d’une limite à la protection. Le principe est que les auteurs de signalement n’encourent aucune responsabilité en ce qui concerne l’obtention des informations qui sont signalées ou divulguées publiquement, ou en ce qui concerne l’accès à ces informations. En revanche, si l’obtention des informations ou leur accès constituent une infraction pénale autonome, alors la responsabilité pénale continue d’être régie par le droit national applicable. Le problème est que, dans ces situations, les informations relatives à ces crimes/délits/menaces-préjudices sont souvent obtenues de manière détournée, comme dans cette affaire.

L’avocat de la prévenue a indiqué que sa cliente souhaitait à nouveau former un pourvoi en cassation. Quel sera l’impact de la directive de 2019 relative à la « Protection des personnes dénonçant des infractions au droit de l’Union » ? La Haute Cour va-t-elle à nouveau se positionner en faveur d’un renvoi devant les juridictions en vertu de l’application de la directive de 2019, qui prévoit un statut plus protecteur des lanceurs d’alerte ?

   Rubrique Syrtals-Cards

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Angelo CACI

DG Syrtals-Cards
La Saga des néo-banques « SAISON 3 » Disruption ou Normalisation ?

 

Depuis notre première édition de 2017, le marché des néo-banques ne cesse d’être effervescent avec un flot continu de nouveau-nés et d’initiatives de tout bord dans de nombreuses géographies (ex : Ma French Bank, Uber Money, T-Mobile Money, Google…)

Tous les acteurs en lice, qu’il s’agisse de startups ou de filiales de banques, géants du web, opérateurs télécom, retailers…, qu’ils ciblent le grand public ou les entreprises et parfois les deux segments en même temps, veulent se faire une place au soleil.

Chemin faisant, les levées de fonds pour un premier ou énième round restent soutenues, voire très significatives (ex : la Brésilienne Nubank vaut 10 milliards de dollars). Le développement se fait souvent à marche forcée, notamment à l’international pour les plus brillants d’entre eux (ex : N26, Revolut).

Accélération, innovation et digitalisation à outrance sont ainsi devenues la nouvelle norme, chaque belligérant s’alignant sur les standards désormais en vogue dans le milieu (ergonomie, fonctionnalités, services) et se rendant coup pour coup afin de survivre ou de croître dans cette jungle.

Les enjeux de conquête et de fidélisation sont en effet considérables, qui plus est, face à une équation économique extrêmement tendue, renforcée par l’ère du low cost, en attestent les résultats négatifs affichés par la grande majorité des néo-banques (nous avons à ce propos « épluché » les comptes de certaines d’entre elles).

Sans surprise d’ailleurs, dans les différents camps, on a commencé à trébucher (trépas ou déboires de plusieurs Fintech ; arrêts de banques mobiles chez les acteurs historiques à l’instar de Finn lancée par JP Morgan aux États-Unis et qui n’aura que très peu vécu), et ce n’est pas fini.

Quand chacun s’est peu ou prou habitué à ce tohu-bohu permanent, les tendances Open Banking et Open Data vont être dans les années à venir des catalyseurs additionnels en termes de menaces et d’opportunités. C’est à qui saura le mieux exploiter ces nouveaux filons pour en faire des offres à succès d’un genre nouveau…

La saga des néo-banques reste toujours aussi passionnante à plus d’un titre.

Aussi, nous vous invitons à découvrir notre Saison 3 (accès sur notre site https://www.syrtals-cards.com) dans laquelle nous analysons les évolutions et tendances majeures ainsi que les trajectoires des différents prétendants de ces 12 derniers mois. Nous y relatons également quelques-unes de nos convictions et présentons enfin des perspectives et scenarii probables pour l’avenir. Bien entendu, impossible d’être exhaustif en la matière tant il y aurait à discourir.

   Dossier – Interview de Jean-Marie CULPIN

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André CASTERMAN

CMO, INTIX ; NED, Tradeteq ; Chair Fintech Committee, ITFA
  1. Quelles sont les grandes évolutions à prévoir dans le domaine des paiements internationaux et du Trade Finance, sous l’effet des nouvelles technologies (blockchain, IA, crypto…) ?

Toutes les innovations technologiques qui rentrent dans le marché s’intègrent aujourd’hui dans une architecture globale, alors qu’au XXe siècle, tout était construit au niveau national. Les pays ont ensuite été interconnectés via SWIFT. Dans le domaine des paiements internationaux, les solutions digitales ont remis en cause l’organisation pays par pays. La technologie ne tient donc plus compte des frontières. Le modèle de « correspondent banking » basé sur les comptes Nostro/Vostro pré-financés est également remis en question. On passe au monde de la  « liquidité à la demande » grâce à l’utilisation de crypto assets tels que XRP (Ripple) et XLM (Stellar). Déjà, avec SEPA, l’Europe a largement contribué à rassembler les pays autour d’une plateforme commune multi-pays.

Ce qui sera le plus intéressant dans les années à venir ce ne sera pas l’innovation technologique mais les décisions des banques centrales, leurs positionnements par rapport à ces évolutions et la manière dont elles vont aider le marché à profiter de ces nouveaux services. La technologie est aujourd’hui disponible, mais il faut que le régulateur intervienne pour permettre une adoption plus globale de ces innovations. La balle est dans le camp du régulateur.

Les paiements personne à personne sont les premiers à bénéficier de ces solutions innovantes car l’approche risque constitue moins un frein pour les entreprises qui restent plus prudentes face aux nouvelles technologies. Mais les paiements business-to-business bénéficient depuis peu d’innovations incrémentales comme Swift GPI. Avec la multiplication des solutions, les coûts diminuent.

Dans le Trade Finance, on parle beaucoup de blockchain. Mais je pense que la blockchain n’est pas la panacée. Cette technologie permet de tracer l’information, d’être sûr d’avoir la bonne information. Elle permet par exemple de digitaliser le billet d’échange et le billet à ordre ce qui semble être une priorité pour de nombreux acteurs. Mais d’autres technologies, comme le machine learning, viennent également améliorer les processus dans la relation entre le client et la banque sans dépendre de la blockchain. La blockchain n’est donc pas un prérequis.

Nous observons également l’arrivée de nouveaux acteurs : des nouvelles institutions financières dans le marché primaire (pour financer des entreprises que les banques ne veulent plus financer). C’est une conséquence du de-risking, principalement sur les marchés émergents et les PME. Nous assistons également à l’émergence de plateformes (hubs) qui deviennent des market places comme Mitigram et Fineon Exchange.

Enfin, de nouveaux bailleurs de fonds s’impliquent dans le marché secondaire pour aider les banques du Trade à faire face aux impacts des règles de Bâle 3 et 4 en apportant des liquidités. Le Trade Finance devient ainsi une nouvelle classe d’actifs pour les investisseurs institutionnels.

 

  1. Quelles sont selon vous les startups qui vont s’insérer dans le jeu ; au-delà de Ripple, d’autres acteurs sont-ils à surveiller de près ?

 Dans le monde des paiements internationaux, Mastercard et Visa visent désormais à moderniser le « correspondent banking » ce qui est absolument nécessaire. Nous allons assister à de nombreux changements dans ce segment tels que l’introduction des paiements instantanés au niveau international offerts à des coûts bien plus bas qu’actuellement.

Dans le monde du trade, tout est beaucoup plus complexe vu le nombre d’intervenants. Les startups se sont fortement spécialisées pour répondre à cette difficulté. En effet, il est impossible pour une plateforme unique de prendre en charge toutes les problématiques du Trade Finance. Ces Fintech sont interopérables et les grandes banques en implémentent plusieurs pour répondre à leurs besoins.

Parmi elles, on peut citer R3 / TradeIX / Marco Polo sur la digitalisation du Trade entre les banques et leurs clients ; Traydstream pour la digitalisation de l’expertise des règles ICC ; Tradeteq pour amener de la liquidité des investisseurs institutionnels dans le marché secondaire ; INTIX pour tracer les transactions en interne ; Enigio pour digitaliser les documents tels que Billet d’échange et billet à ordre ; Mitigram, Fineon Exchange, Levantor et GTC deviennent des  « market places ».

Ces Fintech, hyper spécialisées, vont s’assurer qu’il n’est pas nécessaire de transformer un système qui fonctionne et sont capables en deux ou trois mois d’ajouter de la valeur dans une banque, sans bouleverser le back office. Elles savent s’intégrer dans un environnement business et technique pour offrir de la valeur.

 

  1. Pouvez-vous nous dire plus spécifiquement qu’elles sont les implications de la migration 20022 pour l’industrie des paiements ?

 ISO 20022 est une norme de structuration de données qui a été créée à la fin des années 1990 par Swift. Cette norme a déjà été imposée par le régulateur européen dans le marché des paiements, dans le cadre du projet SEPA. D’autres segments de marché passent par la norme traditionnelle de Swift appelée « MT » qui a été conçue dans les années 70. Or, depuis, les données qui accompagnent les instructions financières ont considérablement évolué. Le but des standards ISO 20022 est d’introduire un langage commun très riche aux flux financiers. C’est la norme de l’avenir et c’est la raison pour laquelle SWIFT a lancé une phase de migration importante vers ISO 20022. Cette nouvelle norme contribue à apporter une richesse accrue de l’information liée aux paiements et à la raison du paiement. Cette migration implique toutefois d’importants impacts techniques pour les banques, notamment les back offices, qui doivent modifier leur système pour assurer le passage vers ISO 20022.

Cette norme va être adoptée par les banques centrales en Europe. Elle apporte non seulement un langage commun entre tous les opérateurs mais surtout une richesse beaucoup plus importante des informations.

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